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Ôhara et randonnée au mont Konpira - 大原 - 金比羅山

Mai 2014

 

(Ps : je rajoute une information et une photo sur l'article d'avant, si vous l'avez déjà lu retournez voir, notamment pour ceux qui vont venir à Kyôto en juillet car cela peut être une belle expérience !)

 

Enfin ! C’est pas trop tôt. Voilà des mois que nous souhaitons aller à Ôhara, un magnifique petit village au nord de Kyôto. Nous voulions y aller en novembre au moment des érables colorés (Koyo), mais par faute de temps et sachant que ça allait être blindé, nous avons abandonné. C’est donc en mai que nous y sommes finalement aller, et malgré le fait que je n’ai pas vu ce village en automne, je peux vous dire qu’au printemps il est magnifique aussi. Nous avons donc pris un bus nous menant jusque là-bas. A Demachiyanagi (au nord de Kyôto), une horde de japonais en tenues de randonnées ont envahi le bus ! Pour descendre à la station d’où nous repartirions après la randonnée. Car oui, nous allons à Ôhara, mais nous y allons aussi pour randonner.

 

Nous y voici ! Nous descendons du bus, avec un étranger qui semble perdu mais heureux, nous sommes les 3 seuls, tous les autres sont des japonais en cette saison. C’est une destination très touristique des étrangers cependant. Nous prenons donc la route vers le temple très connu de Ôhara : Sanzen In, aussi dit le temple de mousse (et rien à voir avec celui de Kyôto, que je n’ai pas vu et que je n’aurais pas l’occasion de voir parce qu’il est bien trop cher). Nous arpentons donc les rues traditionnelles, mais hypra touristique. On sent qu’ici, tout a été construit pour le tourisme. Cela dit, c’est fort charmant, et j’aime mieux un village touristique comme celui-ci avec des produits locaux qu’une rue commerçante touristique aux produits chinois. Ici, tout vient du nord de Kyôto : les créations de bois, les services à macha, les condiments, les soba… Tout. C’en est fort appréciable, et Ôhara regorge de produits locaux que l’on peut tester. De plus, la montée jusqu’au Sanzen In est fort agréable puisque sur la gauche donc sont situées les boutiques traditionnelles, et sur la droite une petite rivière qui ruisselle paisiblement, et il fait frais. Vraiment, une belle découverte.

 


 


 


 

Nous voilà maintenant à l’entrée du Sanzen In. Déjà, ça donne envie. Nous payons (bien sûr), et nous entrons. D’abord, on entre dans un bâtiment où il faut ôter ses chaussures et les emporter avec nous dans un sac en plastique. Nous marchons sur le bois du temple et le tatami. L’ambiance feutrée est toujours aussi agréable, avec ses petites fenêtres de bois et la douce lumière qui s’infiltre à l’intérieur, inspirant le repos et le bien-être. Puis nous arrivons au bout du bâtiment d’où nous pouvons sortir sur la « terrasse » en bois, et profiter du splendide jardin face à nous. On peut comprendre que l’on désire méditer ici. La lumière du soleil réchauffe les corps refroidis par nos pieds nus. Une petite exposition de vieux objets du temple est intéressante, puis nous nous asseyons sur le bord de la marche en bois, admirant le paysage, calmes et posés. Sur notre droite, un filet d’eau s’écoule du bambou et éclabousse légèrement le petit réservoir d’eau dans la grande pierre d’où poussent mousse et herbes hautes. Un petit chemin de pierres permet de marcher au cœur du jardin et de passer de la terrasse jusqu’à l’étang plus loin, que nous ne pouvons emprunter bien sûr, juste admirer. Les feuilles d’érables, d’un vert pétillant, se reflètent dans le petit étang, mais aussi dans les vitres derrière nous, séparant l’extérieur et l’intérieur du temple. La mousse recouvre le sol, de partout. Il règne ici une atmosphère incroyable.

 


 


 


 


 


 


 

Nous nous relevons et continuons notre découverte du temple, nous sortons du bâtiment et enfilons nos chaussures à nouveau après avoir admiré une pièce absolument somptueuse dont le Kanji calligraphié et énorme, accroché au mur, m’impressionne. Nous marchons maintenant dans l’immense jardin du temple. Vraiment immense oui. Nous passons un premier bâtiment, fermé, tout de bois, et sur sa gauche un étang tout aussi paisible. Nous arrivons à un second bâtiment dans lequel de magnifiques statues sont exposées, des statues de Amida Nyôrai datant de l’ère Heian (794 – 1185) et qui sont aujourd’hui considérées comme étant Trésor National. Nous reprenons le chemin, tout autour le sol est complètement recouvert de mousse, un spectacle magnifique, et des petites statues sont comme ancrées dans le sol, entourées de mousse. C’est tellement naturel, et en même temps contrôlé par l’homme qui fournit un travail extraordinaire pour conserver ces jardins, un spectacle superbe.

 


 (désolée de la photo floue)

 


 


 

Nous avançons encore, montons les marches. Nous voilà à prendre un petit thé offert par une mamie à tous les visiteurs du Sanzen In. Génial ! Je pense… Mais il s’agit de thé à la prune… Ma tête quand je l’ai bu. Je déteste vraiment la prune. Edouard a dû finir pour moi le pauvre ! Quand nous allions partir en la remerciant, elle nous dit « attendez ! » et elle s’apprête à servir un autre verre. Je m’apprête à poliment refuser, quand je vois qu’en fait il s’agit de thé vert… Ouf ! Soulagement, et cela me permet d’ôter le goût affreux de la prune dans ma bouche. Nous la remercions, et avançons jusqu’au bâtiment suivant. Nous voilà donc dans le bâtiment de Fudomyô. J’ai beaucoup aimé cet endroit, la statue était très belle. Il est même possible de faire un shuin spécial, un tampon de Fudomyô. Je ne l’ai pas fait cependant, c’est cher pour juste un tampon.

 

Nous montons de nouvelles marches, pour arriver dans un autre bâtiment, le dernier (oui, il y en a beaucoup !). Moins beau à mon goût, mais à l’intérieur une magnifique statue dorée et de magnifiques décorations. Désolée, ma photo est complètement floue, je vous laisse imaginer ou l’observer dans l’intégralité des photos plus bas. Puis sur la droite, il y a des tas de petites statues de Bouddha et des noms d’entreprises, certains petits Bouddha ont tout plein de mamori du bâtiment à côté accrochés. C’est marrant. Sur la gauche du bâtiment, un splendide petit jardin, à nouveau. Il représente, selon moi, au fond de hautes montagnes et devant des collines, et l’eau qui s’en écoule, pour former une grande rivière avec des cascades, venant jusque dans un grand lac devant, avec tout autour la forêt. Car il ne faut pas oublier que les jardins des temples représentent, bien souvent, la nature ; avec une nature contrôlée et miniaturisée, on tente de représenter la vraie nature de la Terre. J’aime cette idée, même si je préfère le côté incontrôlable de la nature dans les sanctuaires.

 


 (On ne voit pas bien sur la photo, c'est mieux en vrai)

 

Nous avons continué, descendant des escaliers, toujours dans l’immense jardin qu’offre le Sanzen In. Sur notre droite, une petite cascade. Nous en faisons le tour, et nous arrivons à nouveau à un parterre de mousse, au cœur duquel on y trouve des statues. Celle-ci m’a particulièrement touchée, avec sa mousse sur sa tête, et toutes ses pièces de 1 yen autour… Tout est dans le détail, les yeux clos, la bouche ouverte, les mains reliées… Vraiment, j’ai adoré cette petite statue. Nous avons ensuite pris un petit chemin de grosses pierres, sur notre gauche une belle verdure et un petit filet d’eau qui s’écoule. Ici il fait frais, il fait bon, on pourrait se reposer, faire une sieste, méditer, écrire des poèmes, dessiner… Y passer ses journées et s’y sentir bien. C’est dans ces moments que, malgré la difficulté d’être moine, on comprend aussi leur bonheur.

 


 

C’est tout pour le Sanzen In. Nous ressortons, ravis. Nous prenons vers la droite vers un autre temple que nous n’admirons que d’extérieur car il est aussi payant. Et nous rebroussons chemin. Plus haut, un autre temple est annoncé, mais toujours payant bien sûr. Ôhara possède tout un tas de temples, tous payants, la joie du tourisme ? Ou la joie du Japon tout court qui fait payer tous les temples. Nous nous en tiendrons au Sanzen In. Plus haut, une cascade est connue aussi pour le son qu’elle émet… Mais nous devons manger et partir randonner, nous reprenons les ruelles vers la route principale où le bus nous a déposé. Dans ces ruelles, nous nous arrêtons dans une boutique sur notre droite. J’ai pris des Udon au maquereau, quant à Edouard il a pris la spécialité de Ôhara dont j’ai totalement oublié le nom : 3 types de soba de couleurs et de goûts différents. Il a beaucoup aimé ! Moi aussi j’y ai goûté. Il avait, en plus, la fameuse pomme de terre nommée « Nagaimo » (patate longue en traduction littérale), donc râpée en sorte de purée, que je me suis fait un régal de manger puisque ce n’est pas son truc. Moi, depuis que j’ai goûté à ça à Hokkaidô, je ne m’en lasse plus !

 


 


 


 

Après ce bon repas et une petite discussion agréable avec le vendeur (nous étions les seuls dans le resto’ en plus), nous avons repris la route. En chemin, Edouard a tenté les dango au miso d’une grand-mère super heureuse de badigeonner ses dango, et j’ai hésité à goûter à la glace spécialité de Ôhara (Shiso) ; j’ai bien fait, car j’ai demandé ce que c’était à la dame, elle m’a expliqué que les pousses de couleurs rougeâtres que l’on voyait dans les champs de plantation de Ôhara étaient les plantes utilisées pour faire cette glace, et que c’est la même plante qu’ils utilisent pour faire mariner les Umeboshi… (prunes marinées…), que je hais plus que tout. Ouf ! Hop, direction l’autre côté. C’est alors que nous avons découvert une autre facette de Ôhara : sa campagne. A droite, on dira le côté touristique, à gauche les habitations et les plantations, dont le fameux Shiso que l’on trouve de partout. Une grand-mère est d’ailleurs à la tache, pliée en 2 pour s’occuper de son bout de plantation. J’ai bien sûr beaucoup plus apprécié ce côté du village, avec les maisons de campagne typiques, les champs aux herbes d’un vert pétillant, les montagnes en fond sous le beau ciel bleu, les plantations de Shiso et autre, les rizières, et la rivière qui s’écoule…

 


 


 


(On voit les plantations de Shiso en bas de la photo)

 

Nous avons continué la route, empruntant le sentier nous menant en haut. Sur notre gauche, une vieille maison de bois qui ressemble surtout à un entrepôt, c’est le cas : certainement un sculpteur de bois. A notre droite, un autre temple que nous nous abstenons à nouveau de faire. Sur notre gauche, un magnifique chemin de pierres et de mousse… Que nous empruntons. C’est partie pour quelques heures de marche. La montée fut longue… longue… et fastidieuse. Nous devions parfois enjamber de grosses racines, j’en étais à bout de souffle. Mais c’était un beau challenge. Je ne sais plus combien de temps on a grimpé, pas si longtemps cela-dit. Arrivés en haut, nous avons eu un aperçu du village entre des arbres ouvrant leurs branchages sur l’horizon, car avant cela nous étions enfermés dans la forêt. C’est magnifique… Le village, perdu dans le creux des montagnes, maisons et champs entourés d’une forêt dense…

 


 


 


 

Nous continuons la marche. Nous arrivons au Mont Suitai, à 577 mètres. Non, la randonnée d’aujourd’hui n’est pas très haute, pourtant la montée est sévère. Mais nous continuons encore, ce n’est pas fini. Parfois, il faut grimper des rochers, le chemin n’est pas si simple. Nous arrivons à une intersection, et nous pouvons faire un crochet par un autre mont et un sanctuaire. Bien sûr, c’est ce que nous faisons. Nous grimpons à nouveau, dur dur. Et là, nous arrivons au sanctuaire, ou du moins ce qu’il en reste. Le Torii… Et quelques barrières encore debout sur la gauche… Les autres barrières se sont effondrées, sont cassées, et au centre il ne reste qu’une stèle avec son nom, pour ne pas oublier qu’il fut ici ; et imaginez, il s’agit d’un « Taisha », c'est-à-dire d’un grand sanctuaire, dont seul le Torii et la stèle honorent sa mémoire… (Je n’ai pas le nom, ne pouvant pas lire ces Kanji). Nous continuons, le mont est plus loin.

 


 


 


 


 

Soudain, nous arrivons à un magnifique point de vue sur les autres montagnes ! A en couper le souffle. Après cette grimpette pas évidente, c’est un grand soulagement. Mais il faut encore monter. Hop hop hop… Et nous y voilà !! Pas évident de trouver le chemin par ici, très mal indiqué. Mais le panneau nous indique bien : nous voilà au mont Konpira, à 573 mètres. Un couple est arrivé en même temps que nous, nous les prenons en photos et ils nous prennent aussi en photo. Il y a aussi comme un petit sanctuaire ici, je ne sais trop ce qu’il représente, le Kami de la montagne Konpira peut-être ? Allez savoir, il faudrait faire des recherches plus poussées.

 


 


 


 

Nous rebroussons chemin, et retournons à l’intersection. Allez, c’est partit jusqu’à la prochaine intersection où il ne faudra pas se tromper : à droite, c’est notre chemin pour redescendre, tout droit c’est le chemin vers un lieu d’escalade ! Nous alternons descentes et plat, c’est agréable, on souffle enfin. En chemin hélas, nous croisons la route d’un bébé daim, décédé… Au beau milieu du chemin, j’ai d’abord cru qu’il dormait sans comprendre pourquoi, et nous avons rapidement compris qu’il n’était plus de ce monde, seul son corps reposait ici. Sa colonne vertébrale était brisée au niveau de la nuque en fracture ouverte, et une partie de ses côtes à découvert aussi, les mouches avaient déjà envahi les lieux. Un si beau bébé… Cela faisait peine à voir. Incompréhension, aucune trace de morsure, et tout animal qui l’aurait mordu l’aurait emporté et non laissé sur la route. Devant le bébé, une énorme pierre, j’imagine que dans la course avec sa mère, le petit a trébuché et est tombé, se brisant ainsi la nuque dans la chute… Des traces de léchage sur la croupe et autour des plaies laissent penser que la mère a dû rester avec lui un certain temps pour tenter de le ranimer, avant de quitter les lieux. J’aurais préféré le voir vivant… C’est la vie de la forêt. Cela dit, c’est vraiment rare, au beau milieu du chemin…

 

Nous continuons, nous ne pouvons rien faire, et nous abordons la descente. Nous voilà à un autre sanctuaire, abandonné aussi, mais dans un bel état contrairement à l’autre. La « cour » devant est à la fois sombre et délicatement illuminée par les quelques rayons du soleil pénétrant à travers les branchages des arbres, et rend l’endroit magnifique et mystique. Sur la droite, des marches en pierres amènent au sanctuaire protégé par les 2 lieux. Et là… Nous faisons à nouveau la rencontre d’un serpent. Un serpent noir au cou jaune… Magnifique. Il est caché dans les buissons, juste devant. Je repense à celui que nous avions vu à Hiei Zan, devant l’autre sanctuaire… Pour moi, c’est comme un signe. Cet endroit a beau être abandonné, il y a une ambiance mystérieuse, un quelque chose que je ne saurais interpréter, qui donne l’impression que le Kami, lui, est toujours bel et bien là. Sur ce, nous quittons les lieux, et à nouveau je ne peux vous donner le nom du sanctuaire, Kanji trop complexes pour moi.

 


 


 


 


 

Nous continuons la descente, nous voilà en bas, le long d’un ruisseau, nous retrouvons un chemin  goudronné. Nous montons jusqu’au dernier sanctuaire (toujours pas de nom désolée), bien plus grand, entretenu et grand. A côté il y a une entreprise de coupe de bois, certainement que les travailleurs viennent prier ici avant le travail. Pas de shuin, il faut appeler le prêtre pour cela, nous n’allons pas le déranger. Puis nous reprenons la route vers notre arrêt de bus.

 


 

Nous passons par de petits chemins, des habitations et des plantations tout autour, jusqu’à une grande rivière que nous traversons par un pont plus loin. Nous voilà sur la grande route, en face il y a une sorte de coopérative qui vent les produits des locaux du coin. Le bus arrive bientôt, mais je ne peux m’empêcher d’aller voir ! Surtout des légumes, je n’ai pas prévu d’acheter dommage. Mais je craque bien sûr pour une brique de lait des vaches de Miyama ! Pas étonnant. Et puis, ainsi on peut faire vivre les locaux ! C’est important. Non seulement c’est meilleur, mais en plus on les aide en faisant cela. C’est important de conserver ces paysages, ces campagnes, ces productions, ces personnes aimantes. Voilà, notre bus arrive, et nous rentrons à Kyôto, les yeux plein d’étoiles…

 

Pour voir l'intégralité des photos : ICI

 


(Bien sûr, au Japon, les fils électriques c'est partout, même dans les villages perdus des montagnes, j'en ai vu des plus petits et plus petits que Ôhara, toujours pareil)

 




26/06/2014
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