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Kayabuki no Sato かやぶきの里

17 et 18 mars 2014

 

Les vacances de mars prennent bientôt fin. Pour finir en beauté, nous avons décidé d'aller à la découverte du mystique petit village de Kayabuki no Sato, dans la préfecture de Kyôto, la région de Miyama, au nord, entre Amanohashidate et Kyôto en gros. Pourquoi ce village ? Il est l'un des rares villages de ferme japonais encore bien conservés. Vous vous en souvenez peut-être : je vous avez parlé de Iyashi no Sato près du lac Fuji et de ses petites maisons de ferme aux toits de chaume nommées Minka. Eh bien, sachez que c'est le même. Mais si Iyashi no Sato fut détruit par un typhon et reconstruit partiellement uniquement pour le souvenir et en faire un lieu touristique (et pas tant que ça finalement), eh bien Kayabuki no Sato a été conservé et regroupe toujours les fermiers qui vivent ici depuis toujours, suivant les générations, et dont certains accueillent les quelques (rares) touristes qui viennent le découvrir.

 

La région de Miyama est un trésor inconnu, car peu accessible : pas de trains, que des bus avec des horaires assez complexes (un bus toutes les 2h en gros, et pour y aller il nous a fallu prendre le train, puis 2 bus !). Kayabuki no Sato en est parfois oublié, et pourtant ! C'est un havre de paix qui mérite le coup d’œil.

 

Nous sommes donc partis tranquillement le lundi matin pour arriver, après 2h de route dans les campagnes de Kyôto (magnifiques tous petits villages entourés de grands champs de cultures : rizières, potagers... et leurs maisons aux toits hauts et pointus bien différent des villes), à Kayabuki no Sato. Déjà notre regard porté sur le village aux petites maisonnettes typiques, sous les montagnes, nous réchauffe le coeur. Il fait beau, il fait bon, et nous avons faim. Nous nous rendons donc dans le seul petit restaurant du village de l'autre côté de la route : un restaurant dont la spécialité sont les Soba (longues et fines pâtes marrons à base de sarrasin), qui les fabrique eux-même. Nous prenons donc un petit menu typique bien sûr, et Edouard ajoutera à cela de la viande de biche, toujours spécialité de la région (dont la chasse doit être importante dans la région vu les hectares de montagnes, forêts, et le peu d'habitants). Et cela fut un pur régal : la fraîcheur des soba était exquise, et Edouard a adoré la viande.

 

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Nous sommes ensuite passés dans le seul magasin du village, accolé au restaurant : ici, on y trouve toutes les spécialités de Miyama, et surtout de Kayabuki no Sato. Un pur bonheur pour moi ! Riz cultivé à Kayabuki no Sato, lait des vaches de Miyama (dont d'une des 5 fermes qui se trouve à 45 minutes à pied du village), glaces au lait de ces mêmes vaches, glaces en forme des petites Minka du village, gâteaux à base de Soba, pâtes Soba, gâteaux fabriqués par les habitants du village et avec leurs ingrédients, viande de biche et de sanglier chassés dans les forêts alentours... Un vrai bonheur pour moi ! Ainsi que des fabrications artisanales comme les cartes postales, des petits pendentifs... Je n'ai pu résister à la magnifique bouteille de lait (et frais, excellent !) de Miyama, et nous avons pris notre dessert en petites maisonnettes.

 

Il est temps de se balader dans le village. On pourrait croire qu'en 10 minutes le tout est bouclé. Mais nous sommes très curieux, et cela nous prendra une bonne heure ! A droite à gauche, si vous ne vous contentez pas de suivre bêtement le tracé, vous trouverez de petits sanctuaires ou de petits hôtels. Nous prenons donc des chemins dérivés du tracé principal en plein milieu du village et allons saluer les Kami reposant alentours, veillant sur le village et ses habitants. Nous sommes émerveillés par les maisons, les toits... Certains toits sont complètement, ou presque, recouverts de mousse ! C'est assez impressionnant ! D'autres toits sont jaunis, sûrement par le soleil. Nous avons fait tous les chemins je pense, vu toutes les maisonnettes ! En haut, un temple, qui a l'air de tout sauf d'un temple : je ne l'aurais su sans les panneaux et le Jizo à l'entrée que les grand-mères et le moine redécoraient. Le seul petit musée du village était fermé, sûrement car nous sommes en saison hors touristique. Mais nous pouvons admirer les anciens objets utilisés pour les cultures dans les champs, et nous pouvons aussi caresser le toit de chaume de la bâtisse qui sert de musée : plusieurs couches sont en fait déposées les unes sur les autres, ce qui donne une épaisseur assez impressionnante, et crée l'imperméabilité des pièces.

 

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Tout en bas, il y a la seule boulangerie du village, fermée ce jour-là. Nous croisons un papi travaillant son petit potager, et une mamie le rejoignant. Dans certains potagers, les radis noirs sont impressionnants, ainsi que les choux ! Tout ça, c'est du bio c'est du bon je peux vous le dire, et pas un seul jeune ne semble vivre ici, que des personnes âgées qui bossent toujours dans les champs. Dans le village, il y a aussi 2 petits cafés, ainsi que 3 minshuku (chambres d'hôtes). Nous dormirons dans l'une d'elle. Nous allons au plus grand sanctuaire du village, qui est magnifique et dont le travail du bois est impressionnant. Nous en restons ébahis ! Nous marchons finalement le long de la forêt pour redescendre le long d'une petite rivière, et nous reposer sur un pont. Plus haut, une petite maisonnette possède un magnifique petit escalier de pierres qui plairait incontestablement à maman. Nous profitons des rayons du soleil avant de reprendre notre marche.

 

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Nous avons du temps devant nous. Nous prenons donc la route, marchant sur le trottoir, le long d'une grande rivière qui s'écoule rapidement, avec des soubassements qui font que l'eau s'accélère et crée de mini cascades. C'est superbe ! L'eau semble assez énervée. Nous prenons un petit pont plus loin qui passe légèrement au-dessus de la rivière, attention à ne pas tomber ou vous serez emporté ! Nous marchons le long d'un champ de pommiers, hélas pas en fleurs, mais que cela doit être beau ! Nous sommes à 20-30 minutes de marche du village, nous atteignons un centre de camping et sorte d'hôtel aussi. L'intérieur est classe ! Avec des fauteuils, la vue sur la rivière, et un restaurant sympathique aussi. Nous flânons dans la boutique qui vend aussi des produits de la région, ainsi que des livres.

 

Nous rentrons au village par un petit chemin de l'autre côté de la rivière. Bien sympa, mais très boueux et il y a des restes de neige, il nous faut donc faire scrouch scrouch dans la neige ! Nous voilà de retour au village, direction notre Minshuku, en plein milieu. La maison est particulière : son toit de chaume est tout jauni, et surtout la structure de bois au-dessus du chaume n'est pas couleur bois comme toutes les autres minka, mais couleur doré, et ses murs sont jaunes (certaines minka sont jaunes, d'autres marrons/bois), ce qui fait de cette bâtisse une pure merveille. Nous rentrons en passant nos têtes par-dessous les jolis tissus qui pendent dans l'entrée, et nous sommes accueillis. Notre chambre est prête, nous entrons. Toute petite, mais magnifique : le sol est en tatami, les murs sont de bois, et les portes coulissantes sont blanches avec des peintures juste splendides, comme dans les temples que l'on a vu jusqu'à maintenant ! En face, une immense porte/fenêtre qui donne vue sur le village ainsi que sur les montagnes en face... Nous avons aussi du thé en libre service sur la petite table. Que demander de plus ? Encore fatigués de notre longue randonnée, nous nous reposons en attendant impatiemment 18h : le repas du soir !

 

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L'heure a sonné. La dame vient nous chercher et nous installe dans une pièce où nous nous installons autour de la table basse pour manger, sur les petits coussins. Sur notre gauche, un âtre creusé dans le tatami où, auparavant, ils allumaient le feu pour chauffer la maison entière : aujourd'hui ce n'est que de la pure décoration car en effet cela n'est pas très bon pour les poumons, et puis j'ai demandé à la dame qui nous a expliqué qu'il faisait très froid autrefois ici l'hiver, et que cela ne chauffe pas assez, aujourd'hui ils utilisent des chauffages. La dame vit ici depuis toujours, elle doit avoir 50 ans, elle tient cette Minshuku seule avec son mari. Il y a je dirai 4 chambres pour les clients, donc une capacité de 16 personnes (4 futons par chambre, bien que 2 ce soit bien). Notre repas : une sorte de grosse fondue japonaise. Dans l'immense casserole sur notre table, elle y insère du poulet (la spécialité de Kayabuki no Sato : le poulet ; je suis végétarienne, mais j'ai décidé de goûter car si on ne tente pas les spécialités d'un pays, je ne considère pas cela voyager. Voyager, c'est un tout), puis elle met l'eau, insère des tas de légumes, puis rajoute les restes de poulet : à savoir les intestins, le coeur, le foie ainsi que......................... les testicules  ! Si si... Mon regard devient blanc... courage ! En plus, nous avons à part de la fondue un poisson pêché par les habitants dans la rivière, du blanc de poulet mi-cuit à tremper dans du soja, ainsi que des Tsukemono (plein de petites spécialités à base de légumes marinés, en petites quantités). Et à croire qu'on en n'a pas assez : elle nous a rapporté plus tard du riz et des crevettes et légumes en tempura (fris). Et je peux vous dire que tout fut exquis... Notre estomac a cru exploser devant la quantité de nourriture, mais c'était divin. Vous voulez savoir ce qu'il en est des abats ? Eh bien, les intestins ont fondu dans l'eau bouillante, le coeur Ed' l'a mangé et cela ne fut pas mauvais, le foie j'ai recraché immédiatement tellement c'était fort et les testicules... en cuisant ressemblaient à un blanc d'oeuf bien cuit et ce fut bon ! Oui oui ! Bon, pas de dessert cependant (snif), mais nous avons personnellement fini sur un verre de lait, exquis...

 

Pendant que nous mangions, le mari a installé nos futons. Et... surprise ! Nous avions des futons chauffant !!! Si si ! A l'intérieur du futon, un petit bloc qui est relié à un fil qui se branche par une prise électrique, et aussi relié à un bloc extérieur qui permet de régler la température : un pur bonheur dans la nuit !!! Génial ! Du coup, on a super bien dormi ! Ah et en plus nous avions des yukata, et nous avons pu prendre un bon bain chaud dans la salle avec la grande baignoire remplie d'eau chaude.

 

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Le lendemain matin, en yukata, nous sortons à 8h pour prendre notre petit-déjeuner. Nous allons dans la même salle qu'hier, cette fois nous ne sommes pas les seuls. Nous sommes installés autour de l'âtre, avec une petite table basse devant nous et un joli plateau. Bon, typiquement japonais, dur dur pour moi, ça allait pour Edouard : soupe miso, saumon cuit, tsukemono, umeboshi (prune dans le vinaigre), riz, oeuf, anko (pâte de haricots rouges), légumes. Plein de choses en petites quantité, mais qui a bien gonflé notre ventre ! En sortant du petit-déjeuner, j'ai quand même pris une cuillère de la confiture de pomme du verger que l'on avait vu, achetée hier. Nous avons pris notre temps, puis nous avons pris congé. Quel bel endroit... Nous avons demandé où nous pouvions trouver une ferme, et ils ont appelé pour nous pour savoir si on pouvait passer : la réponse fut oui, il n'y aura personne mais baladez-vous librement. Cool !

 

Nous avons refait un petit tour par le magasin du village pour racheter quelques petites gâteries. Puis nous nous sommes mis en route jusqu'à la ferme. Journée pluvieuse, mais cela rendait les lieux magnifiques avec la brume dans les montagnes. Nous avons marché presque une heure, et nous sommes arrivés dans l'étable. Personne en effet, juste la dizaine de vaches sagement couchées. J'avais un peu peur de rentrer et de les effrayer comme elles ne me connaissaient pas. On les a longuement observées, j'étais ravie, aux anges. Des vaches Normande, de couleur blanche et noire donc. J'ai craqué : j'ai approché et j'ai tendu la main vers l'une de celles debout. J'ai pu la caresser, et je me suis doucement approchée. Elle n'était pas fan des caresses sur la tête cependant, alors je l'ai laissée tranquille. De l'autre côté, je me suis approchée d'une vache couchée et j'ai tenté le coup, m'approchant doucement accroupie. Elle n'a pas bronché et m'a laissé lui caresser le bout du nez, puis elle a tenté de me lécher la main ! Ah ça bof hein. Alors je lui caressais le bout du nez, elle levait levait la tête, sortait la langue que j'évitais, et c'était bien rigolo ! J'ai pu lui caresser la tête. Après, je ne vous raconte pas l'odeur de mes mains... Héhé... Mais j'étais trooop contente ! Et sur le chemin du retour, nous avons croisé la propriétaire qui rentrait et qui nous a remercié d'être passés, s'excusant de ne pas avoir été là. Trop gentille !

 

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Nous avons fait le chemin en sens inverse et nous sommes arrêtés au restaurant d'hier, près du verger de pommiers. Edouard a pris un bol de riz avec de la viande de biche, et moi j'ai repris un bol de riz avec le poulet de la région. Tout cela fut exquis et nos ventres n'en pouvaient plus... Avec tous ces repas hyper copieux ! Nous avons reflâné dans les boutiques bien sûr. Puis nous sommes retournés à Kayabuki no Sato. Nous avons marché le long d'un chemin autour des champs de culture, avant de dire au revoir au village et de marcher le long de la route jusqu'à un endroit que nous croyions être un petit musée. Cela était en fait un petit café avec une mini galerie, alors nous avons fait demi-tour et avons attendu notre bus une demi-heure dans l'abri couvert. Puis nous sommes rentrés, un regard nostalgique sur le paysage campagnard défilant devant nos yeux...

 

Kayabuki no Sato. Un petit coin de Paradis au Japon...

 

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20/03/2014
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