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Koya San 高野山

19-20 avril 2014

 

Tout d’abord, un petit coucou de maman, papa, Edouard et moi. Le 18 avril, papa et maman sont enfin arrivés à Ôsaka ! Nous y avons visité le château de Ôsaka (confère l’article de mon premier blog), et nous avons mangé de bons Takoyaki dans les rues de Dôtonbori à la nuit tombée !

 


 

Le lendemain : direction Kôya San. Une étape clé de notre voyage, et peut-être une des plus grandioses ? C’est difficile à dire en même temps. Ce qui est sûr, c’est que c’était une expérience incroyable et pleine de bonnes surprises.

Mais avant tout, quelques explications s’imposent. Parce qu’après tout, Koya San, c’est quoi ?

C’est tout d’abord un massif montagneux. Son histoire lui vaut aujourd’hui ce côté touristique (aussi parce que le site est inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco) puisque le moine « Kûkai », fondateur du bouddhisme Shingon au Japon, a décidé d’établir un monastère au cœur des montagnes afin d’y pratiquer la méditation. Il est dit que Kûkai aurait atteint l’illumination, et serait toujours en vie en méditation au mont Koya… Kôya San, c’est donc un complexe de temples immense où sont regroupés moines et fidèles. En gros.

 

Nous voilà arrivés. Nous avons réservé l’hébergement dans un temple nommé « Muryôko In ». Après les longs trajets, nous déambulons dans les rues le long des premiers temples qui se présentent à nous. Nous avons de la chance : ici dans la montagne, certains cerisiers sont toujours en fleurs ! On les appelle les « Yamazakura », c'est-à-dire les cerisiers de montagnes, qui fleurissent plus tard que les autres à cause de la température. Oui d’ailleurs, ici il fait plus frais qu’à Ôsaka.

Nous nous arrêtons manger un bout dans un petit restaurant familial, qui s’avère être une ancienne maison de thé rénovée. Puis nous reprenons notre route, à la découverte du mont Kôya. Nous y découvrirons des pâtisseries à base du fruit nommé « Main de Bouddha », et c’était excellent ! Nous avons aussi goûté à la spécialité de Kôya c'est-à-dire les « Yaki mochi », c'est-à-dire mochi grillé, et ce n’était pas mauvais ! En tout cas, on s’est bien goinfré !

 

Nous sommes allés récupérer notre chambre. Nous pénétrons donc dans l’enceinte du temple, ôtons nos chaussures pour les troquer contre des petits chaussons verts, et nous suivons un moine dans les couloirs de bois du temple. Déjà, nous sommes ravis : non seulement l’intérieur du temple est magnifique, mais le jardin, derrière les portes coulissantes en vitres – juste devant notre chambre – est vraiment sublime ! Le moine ouvre les portes coulissantes d’une chambre, deux immenses chambres sont en faites reliées et les portes intérieures ouvertes. Il nous fait donc rentrer. Au fond de chaque chambre se trouve un « Kotatsu », c'est-à-dire une table chauffante (dessous on y met les pieds quand il fait froid !). Il nous invite à entrer, et à nous positionner autour des tables… 2 sur l’une, 2 sur l’autre dans l’autre chambre. Quoi ?? Il nous explique qu’il n’y a pas assez de place… C’est ça oui ! Bon… On se plie aux « règles » et on s’installe. Il prend congé, ferme les portes coulissantes, et s’en va. Bon, nous, en bon français que nous sommes, nous prenons notre set de thé et nous le transférons sur une seule table pour s’y mettre à 4, c’est quand même trop louche d’être 2 dans une chambre et 2 dans l’autre alors que les portes sont ouvertes ! Nous nous apprêtons à faire une photo, l’appareil photo posé sur la télé, quand tout à coup, nous entendons :

 

« Shitsureishimasu »

Oops… Cela signifie que le moine va rentrer. Ni une ni deux Edouard bondit et pose le set sur l’autre table avant qu’il ne soit rentré, et moi je bondis en avant pour le rejoindre. Oui mais… dans la course, la carafe d’eau est tombée sur le tatami (par chance, celle-ci était fermée et l’eau n’a pas pu s’en écouler), et c’est bel et bien la première chose que le moine a vu. Panique à bord ! Vite vite, il pose son set de thé et, après avoir poussé une sorte de cri d’exaspération et de mauvaise surprise, se jette sur la carafe pour la ramasser. Nous nous excusons, il reprend son sérieux et apporte à Edouard et moi une grosse boîte contenant un set de thé. Puis il ressort, s’assoit, s’incline, ferme les portes. Nous explosons de rire quand, tout à coup…

« Shitsureishimasu »

Cette fois, ça vient des portes de la chambre de papa et maman ! Non il fait ça ?! Oui, il rouvre, et apporte la boite pour papa et maman… Et ressort… Les deux chambres sont reliées mais il agit comme s’il s’agissait de 2 chambres différentes… Bref !

Après un petit thé et un bon fou rire, il est temps pour nous d’aller visiter un petit peu !

 


 

Nous sommes ensuite allés visiter le Kongôbu Ji, qui est donc le monastère principal du Bouddhisme Shingon de Kôya San. A l’entrée, maman a pu s’acheter son Shuinchô, un magnifique livre de bois de cèdre… Quelle chanceuse ! Et voilà, son premier Shûin est fait. Et magnifique en plus aussi ! Nous avons aussi eu l’apparition d’une illuminée, qui racontait tout et n’importe quoi aux moines, se mettait à crier, puis se calmait, et ne cessait jamais de parler… Et nous avons pu voir la grande patience des moines mise à rude épreuve face à elle… Quelques temps après, nous l’avons revue dehors en train de danser et de chanter (d’une voix magnifique !) au beau milieu de la cours, comme possédée ! La visite commence bien !

Dans le Kongûbuji, nous avons vu un beau jardin de pierres avec des roches censées représenter un dragon, ainsi que de très belles peintures sur les portes, représentant bien souvent les 4 saisons. De vraies œuvres d’art. Le bâtiment en lui-même, assez grand, était vraiment beau. Nous y avons passé pas mal de temps. L’histoire de Kûkai était aussi révélée sur des peintures magnifiquement représentées sur les murs et portes de plusieurs pièces se succédant. Pour vous faire court, Kûkai est partit en expédition en Chine où il aurait étudié le Bouddhisme. Il l’a donc ramené au Japon, et aurait cherché un lieu propice pour la méditation. 2 chiens – un blanc et un noir – l’auraient guidé dans les montagnes, jusqu’à ce que l’on appelle aujourd’hui Kôya San. Il aurait donc fondé le monastère puis aurait enseigné le bouddhisme Shingon au Japon.

Après cette petite visite, nous avons eu le droit à une petite pause thé : nous avons eu un petit gâteau excellent à manger avant, puis un bol de thé vert à boire. Chouette ! Un moine abordait les japonais pour leur expliquer l’importance du thé, et de la vie… Un petit cours sympathique. Mais comme nous étions étrangers j’imagine, il n’est pas venu nous voir… Tout un groupe de pèlerins est arrivé par la suite (nous les avons vu déambuler, tout de blanc vêtus avec leur bâton, dans les temples la journée). Ces pèlerins font généralement l’ascension des montagnes par les chemins sacrés pour atteindre les temples, et cela peut durer de longs jours.

 


 

Après cette visite plus qu’agréable, nous sommes rentrés au temple : il est temps de prendre notre repas, ici on le prend tôt puisqu’il est servit à 18h. Et ne soyez pas en retard ! Pas de bol, un groupe d’une vingtaine de français avait réservé l’hébergement aussi ainsi que la salle de repas, du coup nous avons mangé dans la chambre. Sympathique quand même ! Les moines sont venus poser les plateaux surélevés avec la nourriture dessus, et ont tout disposé de manière très propre et très soignée. Nous nous sommes assis sur nos coussins, vêtus des Yukata (sorte de Kimono léger que l’on porte dans les hébergements pour aller dans les onsen ou pour la nuit), et nous avons commencé la dégustation. Une belle cuisine, sans viande ni poisson (ici on mange la nourriture des moines qui est végétarienne), avec du tofu, beaucoup de légumes et un peu de fruits, soupe miso, haricots rouges… Bref, un vrai festin ! Nous nous sommes plutôt régalés, et nous avions le ventre bien plein.

 


 

Nous avons décollé tôt pour aller prendre le bus nous menant jusqu’au cimetière « Oku no In », dont les guides nous vantait la promenade nocturne… 2 kilomètres d’un point à l’autre de terrain ne comprenant que des tombes entourés de cèdres centenaires. L’ambiance est magique ici, de nombreuses personnes importantes sont enterrées ici aussi. C’est un lieu spécial, et de nuit il fut tout à fait incroyable. Nous avons marché jusqu’au « Tôrô Dô », le pavillon des lanternes, c’est là que tout est devenu incroyable. Imaginez, à l’extérieur d’un bâtiment bouddhique, des milliers de lanternes qui brillent dans l’obscurité, pendues au toit, au-dessus de votre tête… Un spectacle magnifique. L’intérieur aussi en était pourvu, et cela donnait l’impression qu’un miroir se reflétait dans les fentes du bâtiment. Et nous avons enfin atteint, juste derrière, le summum de l’expédition nocturne : le mausolée de Kôbô Daishi (nom donné à Kûkai). C’est donc ici qu’il serait en état de méditation pour l’éternité, afin de permettre la délivrance de tous les êtres humains. Nous n’avons pas pu y entrer, mais nous avons fait le tour. Nous avons aussi allumé de l’encens en son honneur… Tout de même, c’est une figure importante de l’histoire du Japon.

 

Nous voilà rentrés. Prêts à passer une bonne nuit dans nos futons bien confortables… Et à nous lever…

 

A 6h du matin. Et oui, nous devons assister à la prière du matin. Dur dur… Certains n’auront pas réussi cette prouesse mais je ne citerai aucun nom ! Nous entrons dans la petite pièce tamisée et nous installons sur le sol à genoux. L’odeur de l’encens m’enivre déjà… J’adore… Les moines sont prêts, et la cérémonie peut commencer. Ils entament leurs chants… Tout cela est indescriptible. Il faut le vivre. Je l’ai vécu, les yeux fermés, m’imprégnant de l’odeur, de l’ambiance, de la chaleur des lieux… Au bout d’un moment, nous avons été invités à nous lever et à faire le tour afin de voir un moine brûler des tablettes et afin d’admirer la pièce. Nous nous sommes rassis et j’ai à nouveau fermé les yeux pour mieux profiter de ce moment, intense pour moi. Cela a duré une heure et demi. Puis un moine est venu nous donner quelques informations au sujet de la cérémonie, et de leur pratique : allemand, il parle aussi l’anglais, le français et le japonais, et il vit dans ce temple depuis des années. Le plus dur fut lorsqu’il fallut se relever : j’ai résisté à la douleur tout le long, restant à genoux, et je ne sentais absolument plus mes jambes. Mais confiante, j’ai réussi à me mettre debout sauf que… mes pieds ne me tenaient plus, et je me suis transformée en poupée, je suis tombée ! Edouard m’a rattrapé de justesse, et une seconde fois cela s’est reproduit. J’ai dû attendre de pouvoir bouger à nouveau pour pouvoir me relever… Quelle expérience !

 


 

Nous revoilà repartis. Ce matin, direction le Danjô Garan, un complexe comprenant le Daitô (une pagode), le Kondô (pavillon d’or), le Fudô Dô et le Mie Dô (à l’intérieur duquel se trouve un portrait de Kôbô Daishi datant du 8ème siècle, que l’on ne peut cependant pas voir). Nous y étions le seul jour de l’année où celui-ci est ouvert… et une grande cérémonie a eu lieu ! C’était intéressant et plutôt excitant d’être là à ce moment précis (sans le faire exprès en plus), mais nous n’avons cependant rien vu de plus de l’intérieur. Nous sommes ensuite allés voir la grande porte « Daimon » à l’entrée de Kôya San, plutôt impressionnante surtout sous le brouillard ambiant… Nous avons ensuite fait une pause dans un petit café plutôt atypique, dont la propriétaire est une grande fan de Paris et y va 2 à 3 fois par an ! Cependant, elle ne parlait pas français et baragouinait un peu d’anglais superflus, mais son accueil était vraiment agréable, et c’était très rigolo !

 


 

Pour finir à Kôya San, nous sommes retournés à Oku no In de jour afin de faire la différence, et cela n’a rien à voir. Nous avons pu apprécier certaines tombes que nous voyions mal, mais il est clair que de nuit c’était bien plus intense ! Nous avons cependant pu pénétrer dans le mausolée, dont l’intérieur est vraiment sympathique.

 


 

Nous avons repris le bus pour la gare. Mais nous nous sommes tout de même arrêtés au mausolée de Tokugawa (personnage très important de l’histoire du Japon) sur le chemin. Visite courte certes, mais ce mausolée est très beau, et selon moi très intéressant à voir.

Puis nous voilà de retour sur Ôsaka…

 

Pour trancher avec ces 2 jours en montagne et au cœur des temples, nous sommes monté au sommet de la tour Umeda Sky Building de nuit. C’était… Incroyable. Tout était fluo d’ailleurs (notamment le blouson Mustang de Papa !), et la vue assez impressionnante. C’est bien d’avoir testé !

 

A bientôt pour la suite des aventures.

 


(Yamabushi dans Oku no In)

 

Intégralité des photos => ICI



17/05/2014
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