japon-sauvage

7 mai 2014

Cela fait un sacré moment que je planifie cette excursion. Hikone est une ville qui se situe sur la berge côté est du lac Biwa, proche de Kyôto, le lac le plus grand du Japon (bien qu’il reste petit). Les japonais sont très fiers de ce lac, et c’est une destination très touristique (souvent oubliée des étrangers, c’est dommage, mais tant mieux aussi). J’étais déjà allée, en octobre dernier, à Ôtsu lors de la matsuri (article ICI). C’est la capitale de la préfecture de Shiga qui englobe le lac Biwa notamment. Cette fois, nous allons donc un peu plus loin.

Qu’y a-t-il à voir à Hikone ? Et bien un château, datant de 300 ans (du moins la dernière construction bien sûr). Je m’attends à quelque chose de sympathique, mais je ne m’attends pas du tout à ce que je vais voir en réalité… Nous avons donc pris le train, un grand soleil nous accompagnant. Papa et Maman sont arrivés en France, et je suis triste. Cette sortie est l’occasion de se changer les idées. J’ai beaucoup aimé les changements de décors pendant le trajet en train. Nous avons passé de nombreuses rizières, et cela me rend aussi nostalgique car Maman voulait à tout prix en voir et nous n’avons pas eu le temps d’aller les voir, nous en avons aperçu quelques unes seulement en allant à Ise. Alors j’ai pris des photos à travers la fenêtre.

Nous sommes arrivés. Un petit tour à l’office du tourisme comme j’aime bien le faire. Puis nous sommes sortis en direction du château. En face de la gare, une magnifique statue d’une personne à cheval attire mon attention, je la trouve vraiment très belle et je reste en extase. Dessous, une maquette du château de Hikone est reproduite à l’identique, les détails sont incroyables, c’est magnifique. Rien pour la protéger d’éventuels voleurs ou destructeurs, nous sommes au Japon, personne ne fait ça (encore moins juste pour le plaisir de faire le mal…).

Nous marchons dans les rues, c’est très calme ici. J’aime cette atmosphère ! Nous sommes en ville, mais il y a peu de voitures, pas de bruit, on se sent bien, vraiment. J’aime beaucoup Kyôto, mais pour le coup j’aimerais mieux résider à Hikone, c’est hélas trop loin. Sur notre route, nous arrivons à un sanctuaire (Gokoku Jinja). Celui-ci est consacré aux guerriers de Shiga décédés pendant les guerres. Il est beau, une vaste place et ses bâtiments autour donnent une impression de protection, nous nous y baladons un peu, observant. A l’entrée, il y a une magnifique statue de cheval accompagné d’un chien et de pigeons, je ne sais ce que cela représente mais à nouveau je me sens attirée par le travail fourni pour réaliser de telles statues. Puis nous avançons jusqu’au château.

Nous arrivons à l’entrée principale, nous traversons le pont par-dessus les douves remplies d’eau, une eau claire et calme sur laquelle les animaux viennent barboter. Le long des douves déjà les murs blancs du château se montrent, ornés de leurs toits typiquement japonais de couleur grise, et dessous un haut mur de pierres empilées gracieusement les unes sur les autres soutiennent le tout, qui se reflète dans l’eau des douves. Nous avançons, et nous voyons sur notre gauche une écurie… Quoi ?! Je n’ai jamais vu ça au Japon moi ! Une vieille écurie conservée…  Pour moi, c’est incroyable. Je m’y précipite. C’est qu’en plus, le bâtiment est super beau, très bien conservé et on peut visiter l’intérieur. Quelle chance ! L’intérieur est tout de bois, et elle date de l’ère Edo, c’est la seule aussi vieille qui ait été conservée au Japon. Elle est en forme de L et possède 2 entrées dont les portes sont de bois. A l’époque, on pouvait y mettre 21 chevaux dans les stables prévues à cet effet, un cheval représentant ceux de l’époque Edo est d’ailleurs debout dans l’une d’elle, une statue immobile. Une partie de l’écurie cependant n’a pas été conservée. On y plaçait donc les chevaux du Shogun, les chevaux des visiteurs étant placés dans une autre écurie (aujourd’hui détruite). Je me régale donc, imaginant comment c’était à l’époque… Le bois est usé, et à certaines parties ils l’ont rénové et on voit la différence.

Nous sortons, et en face nous voyons des gens entrer dans les fortifications du château que l’on a vu tout à l’heure, jusqu’à une des tourelles. Nous y allons donc, et cette partie est gratuite. L’intérieur est donc aussi d’époque, on enlève nos chaussures pour marcher sur le sol en bois. Dans l’obscurité de la forteresse, nous admirons une petite exposition d’objets retrouvés de l’époque Edo ayant été utilisé au château de Hikone, et notamment des affaires de cavalerie, ce qui m’intéresse d’autant plus. Ci-dessous, vous pouvez voir une selle de cheval. En avançant, nous pouvons voir à travers une fenêtre, et nous avons une jolie vue sur le château. Nous faisons le tour, observant par toutes les fissures des fenêtres, et nous ressortons, direction l’entrée.

Nous traversons un nouveau pont car, oui, il y a 2 douves entourant l’enceinte du château, et dessous passe une vieille barque traditionnelle conduite par des employés promenant des clients japonais. C’est super sympa je trouve ! Nous passons la porte Omotemon, et nous allons payer notre ticket, 600 Yen pour le château et son enceinte, et un jardin en dehors, je trouve cela correct pour les 2, surtout qu’on y aura passé beaucoup de temps, et possibilité de rentrer à nouveau en plus, nous n’avons juste pas couplé le billet au musée. Hop, en marche. C’est le cas de le dire, nous voilà à grimper les marches nous menant au château, ou tout du moins aux premières tourelles… ! Nous passons sous un pont, puis le chemin se sépare en deux : à droite le chemin mène aux jardins, et notamment à une allée de prunier (cela doit donc être magnifique en mars). A gauche, c’est le chemin menant au château, et nous le suivons. Nous faisons une boucle et nous nous retrouvons sur le pont de toute à l’heure, et nous entrons par une tourelle et une porte (jusque là, vous imaginez les difficultés pour pénétrer dans l’enceinte ! Et ce n’est pas fini !). Nous sommes donc à Tenbin Yagura, et nous avons la possibilité d’entrer dans cette forteresse et de voir la vue à travers les fenêtres. A nouveau bien sûr, pieds nus sur le sol en bois. J’aime énormément cette idée de laisser les visiteurs pénétrer dans tous les monuments du château, et le tout me charme déjà énormément. Cela me rappelle la balade dans la citadelle de Sisteron… Nous continuons ensuite l’ascension des marches vers les hauteurs.

Nous arrivons, à mi-chemin, à une magnifique maison de thé en bois, dont le jaune pâle de la peinture la rend encore plus sublime. Un petit portail invite à entrer. Allons boire un thé macha ?! Mais d’abord, nous observons la dame qui fait résonner la grosse cloche sur la droite de la maison de thé. Le son fait vibrer, c’est tellement agréable. Nous entrons pour prendre un thé, intérieur de style traditionnel, ambiance feutrée, cozy, tatamis et ikebana (art floral japonais)… Magnifique… Une dame âgée vient nous recevoir et nous invite à nous mettre à l’aise, puis nous apporte d’abord un gâteau spécialité de Hikone, succulent ! Une sorte de gelée dure et croquante avec, à l’intérieur, des haricots rouges ! En croquant dedans, on sent le mélange croustillant et moelleux des deux parties… Le goût sucré est incroyable. Quel plaisir en bouche ! Puis elle nous apporte nos coupes de thé macha, nous l’avons entendu fouetter le mélange dans sa petite salle de préparation, à côté. Hop, c’est partit. J’ai toujours de l’appréhension… Celui-ci est le meilleur que je n’ai jamais goûté. Un délice… Nous le savourons lentement… Je me souviendrai toujours de ce moment de délice. Surtout qu’en plus nous avions faim, et cela nous a, pour quelques dizaines de minutes, donné un bon coup de fouet et calmé notre ventre. Après avoir potassé les quelques bouquins à disposition sur le château de Hikone et les châteaux du Japon, nous sommes ressortis et nous avons repris la marche.

Il faut repasser par une porte et ses tourelles : Taikomon Yagura. La plus belle de toutes, avec ses « terrasses » et sa barrière de bois. Nous la traversons, tournons la tête et… Le donjon est là, enfin, nous le voyons. Magnifique… Il n’est pas grand, mais il est somptueux. Les détails, le travail, la finesse, il inspire la délicatesse et le respect… Je reste clouée sur place face à une telle beauté. Il n’a  que peu de dorures, mais cela ne retire en rien sa somptuosité. Nous entrons cependant avant dans Taikomon Yagura, possédant des portes coulissantes ouvertes permettant donc plus de luminosité dans la pièce.

(Ma photo préférée... !)

Maintenant, nous pouvons aller au donjon. Je ne pensais pas qu’on pouvait y entrer… Et si… C’est pour moi un grand moment. Nous devons ôter nos chaussures pour rentrer, et nous arrivons dans une première pièce, toute de bois. Il faut prendre les escaliers, et autant vous dire que ce n’est pas évident ! Super étroit, super haut, il faut bien lever les jambes et il n’y a pas tellement de places pour les pieds, et puis faire attention à la tête en haut ! Et imaginez bien que cela a été rénové et refait avec de l’antidérapant !! Nous arrivons à la pièce au-dessus. Les fenêtres ouvertes nous permettent d’avoir une belle vue. Plusieurs explications sont fournies en japonais. La pièce est en fait un carré au centre entouré de portes (ouvertes) qui forme un couloir tout autour. Nous déambulons donc autour et, dans la pièce, admirons la petite exposition de vieilles tuiles et autres matériaux utilisés pour le château. Après avoir fait le tour, nous empruntons un nouvel escalier nous menant au dernier étage du donjon (celui-ci est un donjon à 3 étages). En haut la pièce est encore plus petite, la vue est belle, l’intérieur aussi malgré sa simplicité. Nous n’avons pas accès aux petites « terrasses » que l’on voit de l’extérieur, mais l’on voit à travers les fenêtres. Voilà. Nous redescendons par les marches tant bien que mal, et quittons le donjon. Il est certes petit, mais incroyable. En le regardant à nouveau de l’extérieur, sa beauté me frappe à nouveau. Tel un héron qui se dresse fièrement sur un rocher. Je ne peux le quitter des yeux.

Il est temps de poursuivre la visite. Après avoir fait le tour du donjon, nous continuons sur le chemin. Nous profitons de toutes les belles vues par-dessus les palissades du jardin entourant le donjon, et de la nature  qu’offre cet endroit, d’un côté découvert avec de belles fleurs colorées, de l’autre sous l’ombre des arbres aux feuilles vertes. Nous passons par une autre porte, de l’autre côté : Nishinomaru Sanjû Yagura. Celle-ci est incroyable. En entrant, toujours pieds nus je le rappelle, cela ressemble à la première porte mentionnée. Mais au bout, il nous est possible de monter jusqu’au 3^ème étage de la tourelle. Toujours ces escaliers terribles, ce qui donne encore plus de charme et d’intensité aux lieux. D’en haut, une belle vue non seulement sur les alentours, mais aussi par-dessus les toits de la forme en L de la forteresse. Et l’intérieur toujours aussi beau. Nous sommes redescendus et repris la route dans les jardins reposants, calmes, silencieux… On se sent bien ici. L’enceinte est immense et nous avons omis une petite partie au bout car nous avons encore des choses à faire. Nous nous sommes donc dirigés vers la porte Kuromon et nous sommes sortis de l’enceinte, direction le jardin.

Celui-ci se nomme Genkyû En. Juste avant le jardin, le palace du Shogun et la salle de thé. Très beau, ma seule déception : il est ouvert mais il faut le voir de loin, interdit de rentrer dedans ; de plus, une partie est en restauration, on n’en aura pas vu. Mais rien que ça, c’est magnifique, les pièces, le travail du bois, des décorations… Tout est splendide. Face au jardin, on ne peut qu’imaginer le plaisir du Shogun, chaque jour, en ouvrant les fusuma (portes coulissantes) à son réveil.

Et puis, on pénètre vraiment dans le jardin, et là ça prend aux tripes… Tellement c’est beau. J’en suis restée ébahie, longtemps arrêtée, le regard tremblant face à ce paysage somptueux… Une eau si belle… Si calme… Si resplendissante… Une végétation magnifique, ainsi que ses ponts, ses lanternes et ses arbres… Tout, tout était magnifique. Le travail d’entretien d’un tel jardin doit être terriblement ardu. Ce jardin est considéré comme l’un des plus beaux du Japon (avec beaucoup d’autres ^^). Moi qui aime les jardins, mais sans plus, celui-ci m’a franchement laissée sans voix… Nous nous sommes promenés tranquillement, et nous avons eu la chance de tomber sur un héron, fièrement dressé sur ses pattes dans l’eau. L’eau, si claire et si calme, reflétait parfaitement la silhouette du héron. Quand je vous disais que je comparais le château à un héron… En voilà ma confirmation. C’était magnifique, il était là, immobile, telle une statue… Puis il a pris de l’élan pour s’élancer sur la pierre face à lui. Toujours aussi majestueux et magnifique… Toute la végétation et les maisons sur le bord se reflétaient dans l’eau, quel spectacle. Nous en avons longuement profité. Puis nous nous sommes arrêtés à la maison de thé, au-dessus du lac, et nous nous sommes assis face à celui-ci (avec, de l’autre côté, la vue sur le donjon du château), à l’ombre de la toiture, les pieds nus et le cœur léger, pour boire un second thé macha accompagné d’une autre douceur spécialité de Hikone. Puis nous avons continué à travers les chemins façonnés de manière parfaite, et nous sommes sortis, rêveurs…

Ensuite, nous sommes allés visiter une ancienne maison de samurai (Umoregi no Ya). Celui-ci s’est retiré dans cette maison pour maîtriser l’art floral, les poèmes… En gros, pour avoir une vie calme et apaisée. La maison est très jolie, et nous donne une idée de là où il vivait. Le jardin, encore une fois, est très mignon est très reposant. Dans la maison, un portrait de lui est accroché.

Ensuite, nous sommes allés jusqu’à l’autre porte du château et nous avons traversé la rue nommée Yume Kyôbashi Castle Road, qui a été reconstruite en maisons de l’époque Edo. La ruelle est très belle, on voit que c’est neuf bien sûr, mais c’est calme, reposant, et très beau. On imagine bien l’arrivée des personnes importantes ici (en ôtant le goudron, les fils électriques et les feux rouges bien sûr !). Nous avons finalement mangé (il était temps !) des takoyaki, et nous avons marché quelques temps, nous arrêtant dans un temple (Sôan Ji). Puis nous avons arpenté les ruelles un peu au hasard, on s’est perdus dans les petites rues typiques de Hikone, jusqu’à retrouver la station.

Une merveilleuse journée… Nous avions prévu d’aller à la station au-dessus aussi, ainsi que d’aller de l’autre côté du lac voir un autre Torii les pieds dans l’eau, et peut-être même d’aller sur l’île du lac Biwa où se trouve un temple. Mais nous avons passé tellement de temps au château ! Nous sommes rentrés heureux tout de même. C’était une journée merveilleuse… Remplie d’émotions.