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Kumano Kodô, Nakahechi 熊野古道-中辺路

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Randonnée du 9 au 13 mars

 

Tout d'abord, un petit cours de géographie. L'île principale du Japon - et la plus grande - se nomme Honshû, délimitée en plusieurs grandes régions. La notre, où se trouve Kyôto, se nomme le Kansai. Elle inclus plusieurs préfectures partant du sud (de l'océan Pacifique) vers le nord (Mer du Japon). A Kyôto, nous sommes dans la préfecture de Kyôto tout simplement et s'étend jusqu'au nord (confère les articles sur Amanohashidate et Ine). Sur l'ouest, incluant la grande ville de Kôbe, c'est la préfecture de Hyôgo. A l'est, le lac Biwa, c'est la préfecture de Shiga. Il y a ensuite la préfecture de Ôsaka ainsi que la préfecture de Nara, et enfin la préfecture de Ise et de Wakayama.

C'est donc à Wakayama que nous nous sommes rendus. Les choses se compliquent encore. Car à l'époque, les pèlerins partaient de Kyôto pour se rendre dans les 3 grands sanctuaires au sud-est de Wakayama, et parfois poussaient jusqu'aux sanctuaires de Ise : le voyage aller/retour prenait environ 30 à 40 jours ; et imaginez bien que, dans les années 1100, les moyens de transport, de randonnée ainsi que les chemins étaient différents, et pas aussi perfectionnés qu'aujourd'hui.

 

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Nous ne faisons pas le périple complet, pour moult raisons : aujourd'hui, tout est tellement construit qu'il s'agirait de randonner la majeur partie du temps dans les villes ! Ensuite, 30/40 jours c'est énorme, il faut du temps, et la condition physique avec. Donc nous avons pris le chemin nommé Nakahechi, le chemin le plus usité depuis les premiers temps jusqu'à aujourd'hui. Mais en effet, d'autres chemins de pèlerinages étaient empruntés et sont aujourd'hui conservés : Kohechi, menant de Koya San à Hongu Taisha ; Ohechi, le long de la mer ; Kiji, menant de Kyôto jusqu'au début de Ohechi ; Iseji, menant dans les sanctuaires de Ise. Nakahechi, quant à lui, part de Takijiri Ôji et va jusqu'au sanctuaire de Hayatama, en passant par Hongu Taisha et Nachi Taisha.

 

Les sanctuaires, parlons-en. Autrefois, les pèlerins étaient soit des croyants qui faisaient ce pèlerinage pour se purifier (en gros, dans le shintô) ou pour favoriser l'accession à l'éveil (bouddhisme), soit des empereurs retirés. Ils pouvaient partir seuls, ou en cortèges accompagnant l'empereur. A Kumano Kodô, les pèlerinages auraient commencé dans les années 1100 (l'histoire est cependant bien plus complexe, c'est juste pour vous donner une idée), avec les empereurs Fujiwara. Le but de leur périple était d'atteindre les 3 grands sanctuaires : Hongu Taisha, Nachi Taisha et Hayatama Taisha. Les montagnes de Kumano sont, de par l'histoire, des montagnes sacrées où aujourd'hui, Kami et Bouddha cohabitent.

 

Voilà pour la petite histoire ! Notre périple avec Edouard : aller en train (5h de trajet) jusqu'à Kii-Tanabe, puis prendre le bus jusqu'à Takijiri Ôji, et aller à pied jusqu'à Takahara ; ensuite partir de Takahara jusqu'aux sommets de Chikatsuyu Ôji ; le lendemain repartir jusqu'à Hongu Taisha ; redescendre jusqu'à Koguchi, et enfin atteindre Nachi Taisha et Nachi no Taki par le Daimonzaka le dernier jour.

 

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Takijiri Ôji -> Takahara

 

Nous voilà arrivés à Takijiri Ôji après un long, très long trajet en train et en bus. Nous armons nos sacs sur nos dos, et nous nous mettons en route, bien motivés. Le temps est magnifique, il le restera jusqu'à mercredi inclus, et jeudi la pluie se manifestera. Nous avons beaucoup de chances car la région de Kumano, et ses montagnes, sont connus pour être de tempérament capricieux et donc pour leur pluie irrégulière et parfois très forte. Nous arpentons la première montée, et pas des moindres : déjà, ça monte sec et nous épuise très vite. Mais nous avançons bien, accompagnés des petits Jizo protecteurs des enfants et des voyageurs, et des panneaux d'explication concernant les vieux sanctuaires ou les ruines des vieilles maisons de thé.

 

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Nous voilà, après 1h30 de marche avec beaucoup de montée, arrivés à Takahara. Un petit village où un agriculteur nous propose gentiment de prendre une photo de nous devant le paysage de montagnes. En effet, ce village est en hauteur et la vue est resplendissante !

 

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Nous ne trouvons cependant pas d'endroit où camper, et la Minshuku (chambre d'hôte) est très chère : nous y allons au culot en demandant s'il y a un camping dans le coin, et comme il n'y en a pas si on peut planter nos tentes autour de la Minshuku : et c'est gagné ! De plus, nous avons accès au couloir et aux toilettes. Nous nous apprêtons à planter la tente, aie le terrain est miné de pierres... Nous dégageons le tout et installons la tente sur une partie pleine de copeaux. Et là... On se rend compte que l'un des arcs de la tente est cassé... Ouille... On se dépatouille comme on peut, et voilà la tente montée à l'arrache, qui pend. En plus, le sol est tellement dur que les piquets rentrent à peine et tiennent tout juste la tente. On dira que ça ira pour cette fois... La nuit tombe. Nous avons très, très froid. Nous sommes allés prendre un café et un thé pour nous réchauffer un peu. Puis nous sommes durement retournés à la tente, dans le froid...

 

La nuit fut très dure. Très inconfortables (nous n'avions pas de tapis de sol), nous avions en plus très très froid car la température a chuté et il a gelé dans la nuit, malgré les chaufferettes et le nombre incroyable de couches que l'on avait, nous avons mal dormi et énormément grelotté. Le matin, nous avons pris tôt le petit-déjeuner dans le couloir, nous avons tout démonté et nous avons pris la route vers 8h du matin.

 

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Takahara -> Kobiro Ôji

 

Le vent s'était levé dans la nuit, et il faisait d'autant plus froid. Le départ fut difficile. Nous avons rapidement quitté le village pour rattraper les chemins forestiers, verdoyants et couverts de racines au sol de Nakahechi. Cette journée fut plus tranquille, la montée plus douce et la deuxième partie fut surtout de la descente. Les heures sont passées très vites et cela fut très agréable.

 

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Nous sommes arrivés au village de Chikatsuyu Ôji à midi. Cela fut donc assez rapide. Le village étant un peu plus grand, nous avons trouvé un petit supermarché où faire nos provisions pour l'après-midi et le lendemain. Nous nous sommes reposés sur une table de pique-nique, mais nous avons rapidement eu froid. Quand on marche, on a très chaud, mais dès qu'on s'arrête le vent et le froid ont raison de nous. Une fois reposés et le ventre plein, nous nous sommes remis en marche.

 

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Pendant quelques kilomètres, nous étions sur la route menant de Chikatsuyu Ôji à Nonaka no Ipposugi. La neige s'est mise à tomber. Au début, c'était sympa, féérique, enthousiasmant. Puis elle tombait de plus en plus, nous couvrant de la tête au pied, et cela  a commencé à être embêtant. Nous avons passé une très mauvaise nuit avant, nous nous sommes donc mis d'accord pour dormir, cette fois, en Minshuku. Oui mais, la Minshuku la plus proche était complète, et nous a annoncé que l'autre était fermée ; il nous a conseillé de redescendre à Chikatsuyu Ôji, mais nous avions déjà marché une heure ! Dépités, nous décidons de continuer en espérant trouver une aire de repos avec une cabane fermée, comme nous avions vu à Takijiri.

 

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Mais hélas, de la route, de la route... Et aucune aire. Rien. Pas de protection, et la neige s'accumulait de plus en plus, couvrant les bords de la route et les arbres de blanc. C'était magnifique, mais nous ne pouvions pas dormir dehors. 1h de marche plus tard, nous avons toqué à la porte d'une très grande maison pour demander s'il n'y avait pas une Minshuku dans les parages, en espérant qu'ils nous hébergent. La dame a téléphoné, et nous a dit que son mari allait nous emmener dans une Minshuku... A Chikatsuyu, donc où nous étions 2h avant... Un peu dépités, mais contents qu'on nous y amène, on accepte en les remerciant. Nous voilà à la Minshuku, on s'arrache les cheveux au prix annoncé, mais nous n'avons pas le choix...

 

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Nous apprendrons plus tard que cet homme qui nous a amené est un maitre d'arts-martiaux, qu'il vit ici depuis 3 ans et a fabriqué son dojo lui-même (l'immense bâtisse où nous avons toqué), tout en bois. Mais nous n'avons pas eu l'occasion d'en discuter...

Nous avons donc profité de la chaleur des lieux, nous avons pu nous relaxer dans le sentô à disposition, nous avons porté des Yukata et nous avons dormi sur des futons très, très confortables.

 

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Kobiro Ôji -> Kawayu Onsen

 

Le matin, nous avons pris le petit-déjeuner dans la salle prévue, toute de tatami avec les petites tables basses et les petits coussins sur lesquels on s'assoit. Très belle assiettes de fruits et de toast (nous avons demandé un petit-déjeuner occidental !). Le monsieur, très très gentil, nous a proposé de nous emmener en voiture à Kobiro Ôji, là où nous nous étions arrêtés, afin de nous éviter de marcher 2h de plus. Nous sommes très chanceux et lui sommes très reconnaissants. De plus, le temps est magnifique, le grand soleil se montre et nous sommes enthousiastes.

 

Il est 7h30 et nous prenons le chemin de forêt. Tout est encore enneigé, et c'est magnifique... Nous grimpons tranquillement et sûrement. Des gens sont passés avant nous, la neige fondue au milieu du chemin en témoigne. Nous croisons un couple de japonais vivant à New York et qui semble désespérément chercher leur chemin. J'en suis fort étonnée, les panneaux sont clairs, précis, impossible de se perdre... Ils nous expliquent alors qu'on leur aurait dit que le Kumano Kodô serait impraticable à 3 endroits et qu'il faut prendre un autre chemin, ils le cherchent de partout. Bon... Ben on verra bien. Nous, on veut continuer. On monte, on monte... c'est dur.

 

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Et nous arrivons à une intersection, le Kumano Kodô est en effet bloqué par des panneaux d'interdiction. Bon... Ben nous nous plierons à la loi, nous n'avons pas envie d'avoir de problèmes. Nous prenons le détour indiqué, qui est tout simplement magnifique, et je ne regrette finalement plus que le vrai chemin soit bloqué. Par contre, la montée est vraiment difficile. Mais on s'en tire vraiment bien ! En chemin, on croise un groupe de japonaises avec des sacs plus gros qu'elles... Le bas du sac leur arrive en dessous des fesses, et le haut au dessus de leur tête. Elles sont malades. Je ne pense clairement pas qu'un vrai randonneur conseille de porter des sacs aussi gros, et nous les croisons à plusieurs reprises, elles ont l'air épuisées, et complètement dépassées par leurs sacs. Et en plus, elles ont du matériel de camping mais elles semblent dormir en Minshuku... Le comble.

 

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Petit à petit, la neige fond. Nous avons terminé de grimper et nous redescendons, une longue, très longue descente jusqu'au fameux Hongu Taisha. Cet immense sanctuaire aux toits de chaume, d'un travail fascinant... J'en ai eu le souffle coupé. Nous avons longuement flâné à l'intérieur, profitant des lieux sublimes. Puis nous nous sommes reposés un peu sur un banc.

Ensuite, nous avons repris la route jusqu'à l'immense Torii du Hongu Taisha, le plus grand du monde, que l'on avait vu du haut de la montagne auparavant. Impressionnant. Nous pénétrons sur un îlot qui fut, en réalité, le vrai endroit où fut construit le Hongu Taisha auparavant, mais la rivière a débordé et a inondé les lieux, emportant le Hongu sur son passage, et celui-ci fut reconstruit à la place actuelle.

 

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Puis nous reprenons notre marche le long de la grande route, direction Kawayu Onsen. Une dame de l'office du tourisme nous a dit qu'on y trouverait un magasin pour faire les courses, parfait car on va être à court. Nous marchons une bonne demi-heure et là... Le magasin est fermé ! Et c'est un tout petit village, rien d'autre... Dépités, nous continuons notre chemin jusqu'au camping. Arrivés là, on se questionne. Nous sommes les seuls sur le camping : doit-on camper ? N'allons-nous pas avoir froid ? Refaire une Minshuku mais c'est très cher ? Nous appelons, mais les prix sont exorbitants. Bon, il y a de quoi faire du feu au camping, alors nous choisissons cette option, et puis le temps s'est réchauffé. Nous faisons un feu, fort agréable. Puis nous reprenons la route jusqu'à la rivière et le petit village le long. Nous trouvons le seul restaurant ouvert et nous nous régalons bien, pour pas cher. Puis nous filons au bain ouvert : sur les bords de la rivière, un rotenburô aménagé, avec l'eau de source chaude naturelle qui s'y écoule. Nous nous y installons paisiblement, et qu'est-ce que c'est bon... Quel plaisir. En extérieur comme ça... Voyant que quelqu'un semble attendre son tour, nous sortons, ah je serais bien restée plus longtemps ! En chemin, tout d'un coup, je vois une palissade qui semble cacher quelque chose. Je crois que...

 

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Et oui ! C'est un Kawayu, c'est à dire une source chaude de rivière ! Je n'en crois pas mes yeux. Il me faut y aller, absolument ! J'y vais, et je me baigne dans cette source 100% naturelle, juste creusée par l'homme pour faire ressortir l'eau chaude. Celle-ci sent bien le souffre et parfois des bulles sortent de la terre. C'est agréable... Avec vue sur la rivière, au coeur de la nuit. Puis nous rentrons au camping, nous refaisons un feu. J'ai trouvé, dans le bâtiment derrière, une fenêtre ouverte : je suis donc rentrée et nous avons emprunté des coussins pour être plus confortables, ainsi que des chaussons japonais. Et si on a trop froid, on pourra aller à l'intérieur. La nuit promettait d'être bien mais... Finalement, le froid est retombé aussi sec et la température est à nouveau passée dans les négatifs, cela fut exceptionnellement dur, nous n'avons quasiment pas dormis, entre 1h et 3h de sommeil en tout je dirai.

 

Kawayu Onsen -> Koguchi Ko

 

Il est 4h30 du matin, j'ai tellement froid, je ne tiens plus le coup. Je me lève et j'allume un feu, mon corps pris de tremblements. Petit à petit, nous nous réchauffons. Nous décidons donc de ranger les affaires et d'aller au village pour nous chercher des petites boissons et aller au onsen. Mais la lumière du jour s'est levée si vite qu'à 6h on y voyait tout, et je n'avais donc pas envie de me déshabiller pour aller au onsen. Nous n'avions quasiment rien à manger. Nous avons bu, et nous avons pris la route. En chemin, rien, pas de magasin, pas de boutique, tout fermé... Nous avons pris le chemin de randonnée, sachant pertinemment que pendant 5h, nous ne trouverions rien à manger.

 

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5h terribles. La fatigue, la faim nous tiraillait les entrailles. C'était vraiment très, très, très dur... La montée, pourtant pas si terrible, me semblait vraiment ignoble. Nous avions envisagé, le jour d'avant, de faire les 2 jours prévus en une seule étape de 10-11h de marche afin d'éviter le jeudi pluvieux, mais cette idée fut vite abandonnée, et de toute manière il aurait fallu partir à 3h de matin. La descente fut enfin là, nous voyions le village de tout en haut, loin, si loin... La descente était interminable. Mais nous avons réussi : nous sommes arrivés au village, et le distributeur s'est transformé en Dieu pour nous : Coca Cola et Fanta nous ont un peu allégé l'estomac hurlant. N'ayant rien à manger, je décide de tenter ma chance et je vais voir une dame âgée et une dame plus jeune qui parlent, en leur demandant où on peut trouver à manger. Au fil de la conversation, je leur explique qu'on a rien mangé depuis hier soir, en espérant qu'elles nous donne une mandarine, une pomme ou n'importe quoi qui nous aide pour quelques minutes. Mais non, elles m'annoncent juste que les Minshuku sont pleines et que si on marche encore 5 minutes, on trouvera une boutique de bouffe, et nous proposent de camper dans leur jardin le long de la rivière... Je décline gentiment en leur expliquant que la nuit dernière fut terrible, mais nous n'avons rien en retour. Dépités, nous reprenons la marche à la recherche de la nourriture divine.

 

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Nous la trouvons. Enfin ! La dame nous propose de nous asseoir et nous fait réchauffer les aliments, et nous apporte du thé (et des umeboshi aussi, des prunes trempées dans une sorte de vinaigre, très bon pour la santé mais... beurk... Demandez à papa et maman, le cadeau que je leur ai ramené il y a 4 ans de cela de la ville de Wakayama dont la spécialité est justement l'Umeboshi !). Puis elle nous apporte aussi du café. Tous les locaux s'accordent à dire que demain sera pluvieux, mais surtout une très très forte pluie, limite tempête. Nous n'avons nulle part où dormir à part la tente sur le camping, et nous sommes épuisés. Il est préférable de rentrer. Nous attendons donc le rare bus qui passe ici pendant 3h, nous baladant un peu dans le village avant de s'asseoir enfin.

 

Ce bus n'est pas le seul, il nous faut en prendre un autre ensuite jusqu'à la ville de Shingu. Le réseau passe enfin, j'appelle donc une Minshuku pas cher à Katsura que l'office du tourisme m'a donné mais... complète ! Nous n'avons aucun autre numéro. J'appelle donc l'office du tourisme de Shingu et après un questionnaire, ils me disent qu'ils cherchent un hôtel et me rappellent. 5 minutes plus tard, ils avaient une chambre pour nous à 5 minutes de la gare de Shingu, pour pas si cher que ça ! Les japonais, ils sont au top. Nous arrivons donc là-bas, et nous pénétrons dans l'hôtel dont le hall est merveilleusement propre et classe... Nous, on a l'air de deux pégueux, de paysans qui rentrent des champs après une dure journée de labeur, qui ne se sont pas lavés depuis des mois, et qui sont noirs. La honte ! Le service est parfait, trop parfait pour le coup. On monte à la chambre, je suis tellement perturbée que je n'en trouve pas l'ascenseur ! Et la chambre était vraiment bien aussi, un beau 2 étoiles bien confortable, qui nous permet de reprendre du poil de la bête.

 

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Le soir, nous allons faire quelques courses et nous nous arrêtons dans un petit restaurant d'Okonomiyaki original. L'intérieur est sympa, nous nous asseyons et nous prenons une sorte d'Okonomiyaki qui semble super bon : sur une base d'Okonomiyaki, il ajoute pour Edouard du porc et moi de la seiche, et par dessus il rajoute une fine omelette avec le blanc baveux, et il rajoute de la moutarde, de la sauce okonomiyaki et de la mayonnaise. C'était... DIVIN ! On en aurait bien pris un deuxième... Et puis, au début le fils cuisinait précautionneusement devant nous, et le père a pris le relais avec son chapeau de cow-boy, retournant les okonomiyaki avec une dextérité impressionnante. C'était beau à voir ! Tout ici était parfait : les gens, le décors, et la nourriture divine... Nous avons un peu papoté avec eux ensuite, qu'ils étaient gentils.

Puis nous sommes rentrés à l'hôtel, nous avons profité de l'eau chaude, du chauffage, du confort des lits...

 

Hayatama Jinja

 

Le lendemain, personne n'avait menti : une pluie super forte avec un vent de folie. Nous avons bien fait de ne pas continuer. En revanche, nous avons raté le meilleur : Nachi Taisha, le fameux chemin le plus connu Daimonzaka et son escalier de pierres aux 267 marches, et la plus haute cascade du Japon Nachi no Taki. Nous avions donc prévu de prendre le bus. Arrivés en gare, mauvaise surprise... Les trains en partance de Shingu, il n'y en a qu'un toutes les 2h, sinon ce sont des express que l'on ne peut pas prendre... Oops... On va rater le bus, et même si après on prend un bus plus tard, nous avons encore 7h de train pour rentrer sur Kyôto, c'est infaisable. Bon... Nous décidons de ne pas repartir bredouilles et d'aller voir Hayatama Jinja, et de prendre notre train pour Kyôto à 11h, et nous abandonnons Nachi avec regrets.

 

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20 minutes à pied pour aller à Hayatama... Et nous étions déjà trempés jusqu'aux os. Nous avons admiré le grand sanctuaire rouge et profité des lieux, à l'abri, pour l'observer et faire réaliser un Shuin. Puis nous avons repris la route vers le Kamikura Jinja, un peu plus loin, en annexe à Hayatama Jinja. Nous étions encore plus trempés... Une toute petite cascade se deversait, très jolie. Nous nous sommes abrités sous le sanctuaire, et un japonais est venu nous faire la discussion. Pendant au moins 30 minutes, nous expliquant qu'il était prêtre haut gradé d'un autre sanctuaire, nous montrant les photos qu'il avait prises, et nous faisant écouter les musiques qu'il joue à la flûte ainsi que le chant qu'il réalise pour les Kami. C'était un moment agréable et original, même si ce gars ne se prenait pas pour de la merde (excusez-moi l'expression !) et qu'il passait son temps à se vanter. La flûte était magnifique, ainsi que sa voix. Il était tellement fou qu'il nous a dit que le jour où il sortirait son album il nous l'enverrait en France, allant même jusqu'à nous dire que le jour où Ed' et moi on se marie, on doit revenir en France et il nous logera... Euh, ok, calmos ! Nous commencions à avoir froid et nous avons pris congé, il nous a rempli les mains de noix et de raisins secs, et nous sommes repartis. Contents de l'avoir rencontré, un gars très gentil, mais spécial tout de même !

 

Nous revoilà à la gare, trempés, l'eau ayant traversé les chaussures, l'intérieur des sacs mouillés, nos imperméables complètement mouillés aussi et l'eau ayant traversé jusqu'à nos pulls, mes billets à deux doigts d'être bons à jetés... Bref, heureusement que nous n'avons pas randonné !! Nous avons donc pris le train pour 7h de trajet, les yeux ébahis d'une des dames en gare. Le trajet fut sympathique, le long de l'océan, les vagues roulant d'une force impressionnante, se jetant violemment sur les falaises... Nous avons passé la fameuse ville de Taiji où les dauphins sont massacrés, et j'aurais aimé descendre et aller manifester, et ouvrir les filets enfermant les dauphins attendant leur prochaine mort. Aux alentours de Shirahama, l'océan était magnifique aussi, et m'a rappelé des souvenirs (confère mon autre blog sur mon voyage à Wakayama et Shirahama). La pluie a fait des dégâts et les trains ont été retardés, forcés de rouler à 15km/h sur certaines portions (rare au Japon qu'il y ait des retards de train). Mais nous sommes arrivés à bon port, nous avions mis les affaires à sécher sur les sièges chauffant du petit train de la côte, nous étions presque secs, heureux d'être rentrés.

 

Ce fut une merveilleuse aventure. Je n'ai aucun regret. Juste la déception de ne pas avoir vu Nachi, mais un jour nous y retournerons peut-être. Nous nous sommes battus avec courage.

En totalité, nous avons parcouru environ 50km (sur les 70 prévus), et marché une vingtaine d'heures (il nous en manquait 6h). Nous aurions continué si le temps n'avait pas été maussade je pense.

Je suis heureuse d'avoir marché sur la trace des pèlerins d'autrefois, d'avoir perpétré la tradition. Cela fut très ressourçant, très agréable, et j'attendrai la prochaine randonnée avec joie.



15/03/2014
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