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Kyôto - Randonnée Arashiyama, Hozugawa 嵐山

Juin 2014

 

Je reviens tout juste de ma randonnée à Minetoko Yama, et le lendemain j’ai rendez-vous avec moi-même à Arashiyama pour une seconde randonnée. Je carbure car je m’en vais bientôt à Hokkaidô et le temps va me manquer ! Le lendemain de toute manière je n’ai aucune courbature malgré la fatigue de la randonnée, et je me sens en super forme. Me voilà donc à nouveau debout de bonne heure, je m’en vais en vélo jusqu’à la station de Kyôto et je prends le JR direction Saga Arashiyama. J’ai ma carte, le chemin, j’en ai parlé à ma collègue randonneuse qui me dit que la randonnée est sympa parce qu’on suit la rivière nommée Hozugawa, qui part de Kameoka bien plus au nord, et qu’on y voit les barques de touristes descendre. Motivée, avec encore un magnifique temps, je m’y rends.

 


 

Je connais le début du chemin, je l’avais déjà emprunté les premiers mois de mon arrivée au Japon. Mais cette fois je pousse plus loin. J’arrive à l’entrée du chemin. Parce que, avec moi, une randonnée ne se passe pas si facilement et simplement, me voilà encore fourrée dans de beaux draps alors que rien n’a commencé (oui la marche se fait sur la route pour l’instant). Soit je prends à gauche et je pénètre dans le temple payant, et d’après ma carte pas de chemin de randonnée juste un point de vue ; soit je prends à droite, il y a un petit escalier mais une barrière en bambou devant, indiquant clairement (faudrait être stupide pour ne pas comprendre) ne pas passer. Je regarde autour de moi, mine de rien il est déjà tard (8 ou 9h je sais plus), et commence à y’avoir du monde, notamment un gars qui a garé sa barque juste en bas là où passe le chemin et semble déposer des marchandises pour le temple. J’attends, un peu paumée, blasée parce que j’ai vraiment envie de randonner et que je ne vois pas où je peux aller à part à Atago Yama, et ça m’énerve. Puis le gars entre dans l’enceinte du temple… Plus personne ?

 


 


 


 

Ni une, ni deux, je fonce ! Je passe par la droite, contournant la barrière par les galets, pour faire genre « ah mais j’ai rien vu moi je me balade juste », et je fonce comme une tarée (silencieusement tout de même) sur le chemin. J’ai quand même peur qu’on me remarque alors, haletante, je galope pour m’éloigner de plus en plus. Lorsqu’enfin je me sens assez loin pour ne pas être trop dérangée, je me calme et je reprends un rythme normal. Je longe les murs du temple, sur ma droite un précipice menant directement dans la Hozugawa. J’arrive à un pont de bois qui sépare 2 falaises, je le traverse doucement, et je continue le petit chemin étroit. J’entends des voix, alors j’essaye de me faire la plus discrète possible. Le chemin est très escarpé, en bord de falaise, je fais donc très attention où je marche afin de ne pas glisser et de ne pas tomber dans l’eau. Un autre pont de bois. Puis, plus loin, ça se complique. Ah… Ah… Un « pont », ou plutôt 2 barres de fer rouillées avec un vide au milieu. C’est sécurisé ça ? Je peux y aller ? C’est peut-être pour ça qu’il y avait une barrière… Je teste les  barres avec le pied, ça a l’air solide… Je m’avance doucement, puis je saute arrivée au bout au cas où pour arriver au chemin rapidement. Ouf, ça c’est fait ! Je continue. Sur ma gauche, des trous, des petits filets d’eau, des cascades… Sur ma droite la magnifique Hozugawa, d’un bleu charmant.

 


 


 


 

J’arrive enfin sur la « plage », une plage de gros galets. Je tâte l’eau, elle est super chaude !! J’y tremperai bien les pieds, mais j’ai bien trop la flemme pour ça. Je continue. Les lieux m’enchantent, j’adore ! Je me pose un peu, profitant du vent, de l’air frais, des sons de la rivière et des oiseaux, de tout… Puis je reprends la marche. Les premières barques arrivent, descendent la rivière. Les japonais dans les marques me font de grand coucous, surpris de me voir, toute seule, ici sur la berge. Ils sont tout contents et je leur renvoie leurs grand coucous dans de grands signes de bras. Parfois, il me faut escalader de gros rochers, au début c’est marrant, puis ça devient très fatiguant à force, et pas très agréable. A un moment, je me retrouve sur un long mur de pierre en hauteur, qui donne un joli point de vue plutôt sympathique. A nouveau, je fais la rencontre avec un héron, décidément, il y a quelque chose ! Faut dire que je les admire énormément. Quels beaux oiseaux !

 


 


 


 


 


 

Je retrouve la plage de galets et ses énormes rochers à escalader, enjamber… Ainsi que de nombreuses cascades. Le Sagano Romantic Train, en face de l’autre côté, passe lentement pour faire plaisir aux couples et touristes, leur offrir une belle vue. Je vois un pont au loin. Les barques continuent de descendre, des hordes de lycéens à l’intérieur tout fous de me voir. J’entends les guides leur expliquer qu’il y a un sentier de randonnée ici, je me rassure donc sur le fait que je suis en droit d’être ici. Puis ma carte me l’indique, non mais !

 


 


 


 


 

Mais j’arrive ensuite à une plage sans continuité. Un guide sur la barque me fait signe de rebrousser chemin et de monter dans la forêt plus haut. Je cherche le chemin avec difficulté, et je le trouve enfin. Je m’engage dans la forêt, grimpant grimpant grimpant, cherchant les signalisations rouges sur les arbres. Au début, ça va… Au début, c’est sympa. Puis ma randonnée se transforme en enfer. Bien sûr, tout ne peut pas être beau avec moi ! Le chemin se divise en plusieurs, les signalisations disparaissent, le chemin est glissant et de nombreux glissements de  terrains ont eu lieu, je ne sais plus si je suis sur le bon. Tout plein d’arbres se sont effondrés et se trouvent sur mon chemin, je passe mon temps à les enjamber, ne sachant si je suis bien sur le chemin ou pas. Ca monte, ça descends, j’ai peur de me perdre et de devoir rebrousser chemin. Mais je vérifie ma carte, je la compare par rapport aux ponts que je dois traverser, et je me donne du courage. Celui-ci sera bénéfique car je retrouve le chemin moins escarpé et moins glissant, et j’arrive enfin à destination, sur le pont que je dois traverser pour rejoindre la route, et marcher jusqu’à la station de JR.

 


 


 


 

Je marche sur un grand mur de pierre, en bas un monsieur pêche sereinement. J’approche du pont. Et là je vois un panneau « interdiction de passer »… Je cherche s’il n’y a pas un autre chemin, mais non. Bon. Alors j’y vais au culot, il y a des hommes du côté gauche du pont qui font la sieste et papotent, je les alpague. Un monsieur est tout étonné, me demande d’où je viens, et m’explique que je ne peux pas passer. Je l’implore, lui disant que je désire juste aller à la station de JR qui se trouve de l’autre côté de ce pont. Le monsieur regarde le pont, me regarde, et me fait signe de passer en me disant « mais c’est un secret, c’est bien parce que vous êtes jolies ! », ben écoutez, jolie ou pas, du moment que je passe, je suis contente ! Ouf, je traverse.

 


 


 

De l’autre côté, une mamie me fait de grands signes, me signifiant de venir. Je me dépêche, et je m’excuse pour la gêne occasionnée. Et là, on commence à papoter. D’où je viens, combien de temps j’ai marché, si je suis seule… Elle en reste bouche bée que je randonne ainsi seule sur un chemin aussi dangereux. Oui, c’est ce qu’elle me dit. Ce chemin est fermé depuis les typhons de l’année dernière (ahhh, d’où les glissements de terrains et les arbres sur le chemin…), et puis l’eau a tendance à monter par temps de pluie et à couvrir le sentier de randonnée. Elle m’explique donc qu’il est interdit de le prendre, qu’en fait sur ce pont seuls les pêcheurs peuvent passer pour aller pêcher en-dessous avec un permis. On en rigole. J’ai soif, et je sens qu’elle et le papi assis à la petite table à côté ont l’air sympathique. J’ai envie de papoter ! Je leur demande s’ils ont quelque chose de frais à me vendre. La mamie s’empresse d’aller chercher des canettes en me demandant ce que je veux. Je sors mon argent, et le papi refuse avec ferveur mon argent, ils m’offrent ma canette. Sympathique !

 

Je leur demande si je peux m’installer à leur table. Et me voilà attablée avec papi et mamie qui font la surveillance du côté droit du pont avec un autre travailleur qui pionce derrière, à boire une canette bien fraiche alors que papi boit ses bières, et à manger du concombre gracieusement offert par papi ! Il parle vite, et il enchaîne sur du bon Kansai Ben, mais je suis surprise car je comprends la quasi-totalité des choses ! Pendant 1h on aura parlé de tout et de rien. Cela m’a fait rire car il est un peu un papi pervers comme Kiyoshi à Hokkaidô, pas méchant, juste dans des paroles. Mais la conversation est super animée, super agréable, la mamie est ultra gentille aussi, et je n’ai décidément pas envie de partir en fait !

 


 

Après une bonne heure tout de même, je prends une photo mais mamie ne veut pas poser avec nous, donc sur la photo c’est moi et le papi en guise de souvenir. Puis je prends congé et reprends la route, direction le JR. J’ai du temps. Il y a un banc et un japonais, je demande l’autorisation de m’asseoir. Il a u sac à dos, je présume qu’il a randonné. Je suis de super bonne humeur, et j’aime prendre les opportunités quand elles se présentent à moi, j’entame donc à nouveau la conversation ! Il est surpris que je puisse ainsi parler japonais, et nous voilà à papoter de randonnée ! Il vient de faire Atago Yama, on en parle parce que j’adore cette montagne, je lui dis que j’y vais le 31 juillet pour aller de nuit lors d’un évènement spécial, il y va aussi, il est complètement ébahi par le fait que je sache que cet évènement ait lieu, que je sache la date, l’heure, et même les raisons de cet évènement ! D’ailleurs, il est tout simplement étonné que j’ai déjà grimpé 2 fois la montagne et que je connaisse bien le petit village oublié de Mizuo. Le train va arriver, on y va ensemble, on papote toujours.

 

Le voilà. Nous montons, et nous prenons congé l’un de l’autre. Me voilà enfin posée. J’aurais encore foiré des choses, je me suis encore fait de jolies frayeurs, mais cette journée fut magnifique, elle s’est soldée par de splendides rencontres que je ne suis pas prête d’oublier, oh que non. Et je réalise ô la chance que j’ai de vivre ici, un an, et notamment à Kyôto. Finalement, je ressemble de plus en plus aux gens de Kyôto d’après leurs propres dires… Et j’en suis fière.

 

Pour voir l'intégralité des photos : ICI



01/08/2014
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