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Kyôto - Bénévolat forêt de bambous Arashiyama

3 août 2014

 

Ce jour-ci, un appel aux bénévoles avait été lancé pour aller aider dans la forêt de bambous à Arashiyama. J’avais déjà vu plusieurs fois des sorties de ce genre depuis quelques temps, et à chaque fois je voulais y aller mais hélas soit je travaillais, soit nous avions autre chose de prévu étant donné que cela se déroule toujours les dimanches. J’avais vu, dans le même genre, du bénévolat pour aller nettoyer les rivières près de Arashiyama. Je trouve que c’est super de faire ça, de s’investir bénévolement, de donner un peu de temps, un peu de soi, pour pouvoir faire un petit quelque chose pour la nature. En soi, cela paraît dérisoire, mais je pense vraiment que chaque petit geste compte énormément et peut avoir des répercussions sur le futur. De plus, c’est aussi l’occasion de rencontrer des gens, et de passer un bon moment. Le travail ne me fait pas peur, de toute manière je n’ai rien à perdre mais tout à gagner.

 

J’ai donc pris le train le matin pour aller à Arashiyama, au point de rendez-vous qui était à 8h45, après avoir passé un coup de téléphone car en cas de pluie c’était annulé, et le temps était vraiment mitigé. A la gare, il n’y avait personne… Mais j’étais en avance. Puis un monsieur d’une cinquantaine d’années est arrivé, avec un T-shirt hiking, des chaussures différentes de celles des touristes (pas en tongs quoi !), et puis il m’a reconnu. Il m’a dit que les autres étaient déjà là-bas, mais que nous n’étions que 3 ce matin apparemment, et l’après-midi 2 personnes nous rejoindraient. On a attendu au cas où, et puis nous sommes partis.

 

On a papoté, un monsieur très gentil – Mr Maeda - qui s’intéresse énormément aux champignons, il connaît donc aussi le nom des champignons français. Une passion. Il est aussi fan de randonnée, et il a fait Atago Yama le 31 juillet au soir, je l’ai peut-être croisé qui sait. Il connaît très bien les montagnes, ainsi que Kyôto. Nous avons emprunté le chemin sous la forêt de bambous, cela faisait longtemps que je n’étais pas venue ici. Comme toujours, blindé de monde, et notamment d’étrangers, normal. Voilà pourquoi je ne mets plus les pieds ici. Nous avons marché jusqu’à Okôchi Sansô, un endroit que j’ignorais totalement… Et nous y avons rejoint un japonais de 65 ans fort gentil avec qui nous avons papoté un moment, en attendant d’éventuels retardataires.

 

Okôchi Sansô est l’ancienne villa entourée de son sublime jardin d’un acteur de film de l’ère Meiji. Pour entrer, il faut payer 1,000 Yen (et vous avez un set macha inclus). Nous sommes entrés sans payer puisque nous venons travailler, mais nous sommes passés sur la gauche et nous sommes allés dans le coin privé pour le staff. J’avais envie de visiter ! Mais je n’étais pas là pour ça. Nous avons rejoint 3 hommes d’une quarantaine d’années en habits de travail. Si nous sommes des bénévoles, eux par contre font leur travail et nous accueille avec joie pour les aider. Mr Maeda les connaît bien depuis le temps qu’il vient ici. Nous faisons les présentations, nous papotons un peu, puis quand tout le monde est prêt, gants en main, pulvérisés d’anti-moustique, eau à disposition, nous sortons par un immense portail roulant fabriqué entièrement en bambous. Nous nous retrouvons devant l’entrée de la villa, il y a de plus en plus de monde, nous traversons juste le chemin et nous allons en face. Nous ouvrons un petit portail de bambous, et nous pénétrons au cœur de la forêt de bambous !

 


 

Et oui ! Veinards que nous sommes, voyez, le bénévolat offre aussi de nombreux avantages ! Si vous, en tant que touristes, ne pourrez que marcher sur le chemin goudronné et admirer la forêt de l’extérieur, nous pouvons entrer et nous balader dans celle-ci. C’est plutôt sympa d’ailleurs ! Nous avons fait des envieux, car à la pause en ayant laissé le portique semi-ouvert, 2 allemands se demandaient bien s’ils pouvaient entrer, et faisaient le tour pour checker si éventuellement ce serait accessible. Leur regard intrigué en nous voyant entrer à nouveau, se demandant s’ils pouvaient nous suivre… Ils auraient bien aimé venir, ça, c’est sûr.

 

En quoi consistait notre job ? Nous avons commencé par ramasser tous les morceaux de bois, ou tous les bambous tombés au sol. Lorsque ceux-ci étaient trop grand, l’un des travailleurs venait couper le bambou en plusieurs morceaux avec une tronçonneuse, et nous n’avions qu’à ramasser ceux-ci. Nous allions à la limite avec une autre parcelle de forêt délimitée par un grillage, et nous jetions les bambous dans l’autre parcelle. Ceux-ci seront certainement utilisés pour des fabrications. Lorsque la grande parcelle de forêt fut enfin propre, nous avons pris une pause.

 


 

Après la pause, de retour. Il faut maintenant couper les bambous morts, mais qui sont encore dans le sol. A quoi les reconnaît-on ? Leur couleur, et leur perte de feuilles. Ils sont en général jaunes. Les travailleurs ont l’habitude, donc ce sont eux qui se dirigent vers les bambous morts. L’un d’eux tronçonne le bas du bambou, puis un autre vient prendre le bambou. Il le soulève (le bambou toujours debout) et d’un coup se met à courir droit devant, ainsi le bambou part en arrière et s’affale au sol. Lorsque tout le bambou est au sol, le travailleur à la tronçonneuse vient tronçonner en petits morceaux, et nous allions jeter les morceaux comme tout à l’heure. Le boulot le plus dur est donc pour celui qui doit courir avec le bambou, parce que mine de rien, c’est lourd ! Parfois, il a fallu couper les bambous le long de la barrière, et donc tout proche de la route que les touristes empruntent. A ce moment, il faut donc que quelqu’un demande aux gens de s’arrêter et de s’éloigner, car parfois le bambou, en tombant, s’affale sur la route et peut blesser les gens. Et pour m’être pris une toute petite branche de bambou dans l’œil, je peux vous dire que ça fait super mal ! Et lorsque nous coupions les bambous le long de la barrière, les gens étaient super heureux, ils observaient la scène de manière fascinés, s’exclamaient et parfois applaudissaient après que le bambou soit tombé.

 


 

Mine de rien, c’était pas facile ! On a bien transpiré, heureusement j’avais ma serviette japonaise !! Il y avait aussi tout plein d’araignées entre les bambous, fallait faire gaffe, je me suis pris une belle toile dans la tête !! Nous avons bossé jusqu’à 11h30, et nous sommes allés prendre notre pause déjeuner. Nous avions une petite salle à disposition et nous avons mangé ici, en papotant, c’était bien sympa. Puis Tomoyuki nous a rejoints après le déjeuner. Nous nous sommes reposés jusqu’à 13h. Le monsieur de 65 ans est partit, et un autre monsieur nous a rejoint : un professeur de français. Nous avons donc pu papoter en français, il est doué ! Il est à la retraite maintenant, un monsieur fort gentil.

 


 

A 13h, nous y sommes retournés, et le même boulot l’après-midi jusqu’à 15h. Tomoyuki a participé pour faire tomber les bambous, pas moi c’est quand même trop lourd. Ils m’ont fait couper le tronc du bambou avec une petite scie, pas facile !! C’était marrant. Puis, vers la fin, j’ai quand même essayé de soulever un bambou et de courir avec. Puré, c’est pas facile !! Le plus dur en fait est de maintenir le bambou sans qu’il glisse, parce que comme c’est lourd, ben il glisse vers le bas. Mais j’ai bien réussi ! Mais alors, à la longue, ça doit être usant. La toute fin nous a tous mis à contribution ! Il y avait un arbre mort, donc une grande partie est déjà tombée. Mais il fallait enlever le tronc et ce qu’il restait. Et là, c’est bien plus dur ! L’un des travailleurs a accroché l’arbre avec de la corde, de manière à ce qu’on puisse le tirer. Puis il a scié, scié, scié… A c’est bien plus long que le bambou. Et puis après, nous avons dû tirer. Oui, mais il s’est bloqué contre un bambou ! Du coup nous avons tous tiré fort fort, en vain. Nous avons replacé la corde de manière à le tirer d’un autre sens, et le tout est tombé. Ensuite, il a fallu porter les morceaux de bois… Hyper lourd ! Et une fois cette tâche terminée, nous avons enfin pu dire :

 

« O tsukare sama desu ! »

 


 


 

Voilà. Le boulot terminé. Ouf. Nous avons bien bossé. Nous sommes retournés à l’endroit de la pause, avons bu un bon coup, et après nous avons pris congé. Puis Mr Maeda nous a emmenés, le professeur de français, Tomoyuki et moi, à la salle où on boit le macha dans le jardin de Okôchi Sansô. Chouette ! Comme nous venons travailler, le macha nous est offert. Je suis super contente du coup !! Bon, par contre elle nous a servi un macha froid. Il était bon, mais je préfère quand même le macha chaud, le vrai. Avec un petit set de gâteaux japonais excellent. On a pu ainsi se reposer et profiter. Puis Mr Maeda a demandé si on pouvait visiter le jardin, et cela fut accepté.

 


 

Mon souhait réalisé, nous voilà à arpenter les chemins du grand jardin. Nous avons admiré la villa vu de l’extérieur, puis nous avons déambulé dans le grand jardin. Ce qui est bien, c’est que Mr Maeda, qui connaît bien les lieux, a pu nous fournir tout plein d’explications concernant la villa, les roches utilisées… Tout en haut du jardin, nous avons pu avoir une belle vue sur Kyôto et sur les monts alentours. Une belle promenade.

 


 


 



 

Puis nous sommes sortis. Mr Maeda nous a proposé d’aller boire un coup quelque part, volontiers. Nous avons donc suivi. Le professeur habitant à Arashiyama était venu en vélo, et nous allions boire de l’autre côté de la rive. Il nous a donc rejoints là-bas. Quant à nous, nous sommes allés prendre une barque !! Sur le bord de la rive, nous sommes montés dedans. Il s’agit en fait de la barque du petit bar de l’autre côté. Ils disposent de plusieurs barques qu’ils laissent sur la rive pour que les gens viennent plus rapidement à leur bar plutôt que de faire tout le tour à pied, ce qui prend du temps. Du coup Mr Maeda nous a fait faire un petit tour en barque avant d’aller au bar, car il connaît bien le propriétaire. Et direction le bar, où nous avons été réceptionnés.

 


 


 

Nous nous sommes installés sur la table, commandé bières (et coca pour moi !), et nous avons eu des apéritifs offerts (edamame = haricots ; œufs…). Nous avons ainsi bu et papoté pendant un long, très long moment, et cela fut fort sympathique. J’ai donc appris que Mr Maeda a toujours vécu à Kyôto, tout comme le professeur de français. Ils tiennent à leur ville, et pensent qu’elle est en train de changer, et pas en bien. Mr Maeda a donc lui-même mis en place ce système de bénévolat, par passion pour cette ville et ces montagnes qu’il affectionne. Aujourd’hui, le travail était dans la forêt de bambous, mais parfois il faut monter dans la montagne. Parfois, il s’agit de réparer les barrières de bambous aussi… Bref, tout dépend. Il aime ce qu’il fait. Sinon, il a un boulot d’ingénieur, mais en gros pour l’écologie. Il se considère comme un japonais à part, qui ne répond pas au système du « mouton ». En gros, il gère sa boite, et c’est lui qui gère ses dossiers. Si des clients lui apportent un dossier qui ne lui convient pas, si Mr Maeda trouve que ça ne correspond pas à ses valeurs, il le refuse. Les clients, japonais, sont souvent courroucés car cela ne se fait pas au Japon. Il nous a dit que beaucoup de gens lui disent qu’il est bizarre. Mais il s’en fiche, et il en est fier. Il a un boulot difficile, mais il aime ce qu’il fait et ne fait que ce qui est en accord avec ses valeurs. Je trouve que c’est quelqu’un d’exceptionnel qui sait se démarquer, et on lui doit un grand respect. Si plus de gens étaient comme lui, le monde se porterait mieux.

 

Quant au professeur de français, aujourd’hui à la retraite, il aime profiter de Kyôto. Il n’aime pas la modernisation qui agit sur la ville, les grands bâtiments, la gare de Kyôto, la tour… Il voit bien que tout continue et que ça ne s’arrêtera pas, et que petit à petit les valeurs de Kyôto se perdent. Il m’a dit qu’en quelques années, le cœur des Kyôtoite a changé. Qu’autrefois, les gens étaient meilleurs, que aujourd’hui, les gens sont différents, et ils changent en mal. Il regrette le Kyôto d’autrefois –que j’aurais aimé connaître moi aussi.

 


 


 

2 personnes très gentilles, avec qui on a donc beaucoup papoté, et c’était très bien. En plus, ils n’ont pas voulu qu’on paye notre part… Nous avons pris le chemin de la gare tous ensembles, puis nous avons pris congés. Nous nous sommes donné rendez-vous pour la semaine d’après, le dimanche 10 août. Sauf que… Un typhon s’est invité à la party. Et du coup, la sortie bénévole a été annulée, et reportée au 17. Mais moi le 17 je dois aller randonner avec une de mes collègues de Paul pour lui dire au revoir. Si j’ai le temps après la randonnée, j’irai les rejoindre pour boire un coup, et se quitter pour de bon.

 

Des rencontres comme ça, c’est toujours émouvant. On apprend énormément des gens. C’était une très belle journée, et je vous invite tous, comme moi, à aller faire du bénévolat. Que ce soit ici à Kyôto avec eux, ou bien ailleurs, de partout dans le monde, en France par exemple, quelle que soit votre activité.

 

Allez sur leur page Facebook :

https://www.facebook.com/PTOgura



15/08/2014
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