japon-sauvage

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Agata Matsuri, Uji, 5 juin 県祭り

5 juin 2014

 (cette matsuri a lieu le 5 juin de 10h jusqu'au soir pour les stands, et de minuit à 1h du matin pour le sanctuaire)

 

Je sais que j’aime suivre l’ordre chronologique de mes articles. Mais je me dois de faire une petite exception pour cette Matsuri à laquelle j’ai assisté il y a 4 jours, tant que tout cela est encore frais. 4 jours plus tard, je ressens toujours les émotions de cette nuit. C’est incroyable.

 

Un hasard. Une décision. La chance. Une expérience incroyable. Le destin ?

 

Il est 6h du matin, me voici debout car je dois partir en randonnée pour Minetoko Yama, l’une des plus hautes montagnes entourant Kyôto (970m, après Minago Yama, 971m, que j’arpenterai fin juin si tout va bien). Mais, malchance ou bon timing, il a beaucoup plu la nuit passée et le jour d’avant. Malgré tout, mes affaires sont prêtes et je suis plus que motivée. Je regarde par la fenêtre, il fait déjà jour (Japon, pays du soleil levant…). Il pleut, mais faiblement. La météo m’annonce la fin de la pluie vers 16h. Je revérifie les chemins et les signalisations sur internet et sur ma carte (car j’ai rencontré moult difficultés lors de mes randonnées au Japon !), tout est bien tracé et bien indiqué, mais le doute s’installe : les chemins de terre des montagnes au nord - que j’ai plusieurs fois arpentées, notamment une semaine auparavant à quelques kilomètres d’ici (Kumotori Yama, 911m) – sont mous et parfois instables (à Kumotori Yama, certains chemins étaient encore dégradés par, je pense, les typhons de l’an dernier qui ont fait de gros dégâts à certains endroits, et cela a rendu ma randonnée plus difficile que prévu). Je pense notamment aux glissements de terrain. Je pars seule pendant  7h environ, alors finalement je décide d’abandonner, c’est trop risqué.

 


 

Mais alors, que faire ? Mes jours sont comptés désormais, je pars dans 2 mois, et dans moins d’un mois je serais à Hokkaidô. A mon retour, le compte à rebours sera lancé et le temps sera dévoré rapidement.  Il est hors de question que je reste à la maison sans rien faire. Je pense alors au village de Asuka qui me trotte dans la tête depuis plusieurs mois, près de Nara. Mais je n’ai rien préparé. Par curiosité et par dépit, je tape en japonais sur google « Matsuri 6 juin ». Je tombe sur le premier lien, une matsuri quelque part dans le nord-ouest du Japon, trop loin. Et là, second lien, « Uji ». Je reconnais les kanji. Je ne rêve pas ?! Uji de Kyôto ?! A 15 minutes en train ?! C’est bien ça ! De 10h à 1h du matin, dont un évènement de minuit à 1h… Je me recouche pour rattraper mon manque de sommeil et me lève à 8h.

 

Quelques vérifications s’imposent. Les stands seront donc dans la ville à partir de 10h toute la journée, et une matsuri aura lieu de minuit à 1h. Cela implique cependant qu’il n’y aura plus de transport de retour vers Kyôto. J’essaye d’inviter des gens, mais je me retrouve seule à y aller. 4 options s’offrent à moi : dormir dans la gare en attendant le 1er train de 5h30 comme je l’ai fait à Ôsaka il y a 4 ans avec des amis ; rentrer à pied, 3h de marche sur la route ; prendre un taxi à 60€ (contre 1,50€ le train !!!) ; alpaguer un japonais de la matsuri et lui demander de me ramener à Kyôto. Tout cela peut décourager nombre de personnes qui finalement n’iront pas, mais j’ai un moral d’acier et l’idée d’assister à une nouvelle matsuri me rend folle de joie. Non, je n’abandonnerai pas !

 

Je me rends donc à Uji pour 16h. L’an passé, j’ai en effet visité Uji (lors de la matsuri du thé d’ailleurs !) et ses sanctuaires Uji Jinja et Ujigami Jinja (un très, très vieux sanctuaire), ainsi que la ville, ses alentours et quelques temples (confère l’article sur Uji ICI). Mais ce jour-là nous avions omis le fameux temple Byôdo In car l’extérieur du Hô Dô (Phoenix Hall, le bâtiment principal du temple) était en rénovation et donc non visible. C’est terminé, l’intérieur sera lui terminé en septembre 2014 mais moi c’est l’extérieur qui m’intéresse. L’occasion tant attendue est donc arrivée. En arrivant à la gare, je me fraye un passage dans la foule déjà importante. Je vois des ventes de ticket et des appels à l’achat en avance, sûrement pour les gens qui vont prendre le dernier train ce soir. Pour être sûre de ce qui va se passer ce soir et où, je me rends à l’office du tourisme ; erreur ! A ma grande déception, la dame m’annonce qu’il n’y a pas de matsuri ce soir. Je ne comprends pas… J’ai pourtant bien lu. Je ne comprends pas tout ce qu’elle me dit, alors elle me sort un journal et me montre les photos, que j’ai en effet vu sur internet, en me disant « ça, y’a pas ». Bon… Je m’en vais, très déçue. Je m’engouffre à nouveau dans la foule menant aux routes de la ville, fermées pour la matsuri. L’ambiance y est, à fond. De part et d’autre de la route, des stands de partout, aux toits jaunes, dont les vendeurs appellent à la vente en criant. Des saucisses de Frankfort, des Takoyaki (boulettes au poulpe), des Taiyaki (sortes de gaufres en forme de poisson fourrées à la pâte de haricot rouge, crème pâtissière ou autre…), des pommes de terre de Hokkaidô au beurre, des œufs, glaces, crêpes, jeux pour enfants, poissons rouges à pêcher avec un petit filet… Bref, la matsuri japonaise à la perfection. Pour vous donner une idée, ça fait un peu penser à une tombola, mais en plus animé, plus bruyant, plus jovial et plus festif… (Plus original aussi avec les brochettes de seiche ! ^^). La matsuri est très grande, la plus grande que j’ai vu jusqu’à maintenant : elle forme un carrée sur 4 longues rues de Uji, et la marche se fait en sens unique, les gens s’arrêtant à droite, à gauche, pour s’acheter à manger, s’amuser… Les enfants crient, courent, rigolent, jouent, sont heureux, et les parents redeviennent des enfants eux aussi.

 


 

Je suis heureuse malgré tout, car j’aime cette ambiance. Seulement, seule, c’est moins drôle. Je me sens un peu perdue, j’aimerais partager ce moment de bonheur avec mes amis. J’avance, sans trop savoir où je vais. Je reconnais les rues, je ne suis venue qu’une fois mais je connais la ville par cœur. A chaque endroit où je passe, je reconnais les magasins, les vendeurs, leurs offres (Uji est la ville du thé, on trouve des glaces au thé vert, des crêpes thé vert, des soba au thé vert, des dango (boulettes de riz) au thé vert…). Je me souviens de tout. Je quitte la foule pour prendre une ruelle beaucoup plus calme qui, je sais, me mènera aussi au Byôdo In. Me voici arrivée. Je paye mes 600 Yen, et j’entre. Sur ma gauche, un premier bâtiment. Je m’approche et je grimpe les marches après en avoir fait le tour. A l’intérieur, une statue d’un Bouddha, et des explications. Le bâtiment date de l’ère Kamakura (1185 – 1333), tandis que la statue date de l’ère Heian (794 – 1185). Tout autour, je note le nombre incroyable de caméras branchées… ! Vu l’âge, on peut comprendre.

 

Je marche ensuite dans le jardin, et je m’avance jusqu’au Hô dô. M’y voici… La photo me promet que le bâtiment, rouge, se reflète dans l’eau. Mauvais jour ou juste photo touriste (le temps est gris), mais moi je ne vois pas son reflet. Ce n’est pas grave, le bâtiment est en effet magnifique. Les Phoenix sur son toit sont magnifiques. Je passe du temps à l’admirer, à le regarder (et le prendre en photo) sous toutes les coutures. Il me plaît. Je suis contente de l’avoir vu. Son étang devant est très beau aussi, ainsi que les couleurs du jardin. Mais voici qu’une horde de collégiens arrive ! Quand je vous dis horde, c’est une bonne centaine (sans rire, au moins 4 classes). L’horreur ! Lassée, je m’en vais, en me faisant toute petite sur le chemin attaqué par la foule de jeunes. Sur l’autre rive, une classe d’une trentaine de collégiens se fait prendre en photo devant le Byôdo In. Bien. Je continue par l’arrière.

 


 

J’entre ensuite dans le musée. J’arrive au moment d’un petit groupe de personnes âgées dont un homme fait l’explication sur une statue de Bouddha, impeccable ! Je m’incruste, et on file ensuite dans la salle avec un petit film de 3 minutes sur l’histoire du Byôdo In. La salle, en 3 minutes, se remplit incroyablement. Le film se termine, j’avance, jusqu’à la vieille cloche (trésor du Byôdo In) que j’admire sous toutes les coutures, tentant de trouver les Phoenix cachés. Une foule arrive, dont des enfants de primaire. Je m’engouffre dans l’autre salle, et je commence à admirer toutes les vieilles tuiles et autres morceaux du temple conservés. A nouveau, environ 3 classes de primaires rentrent dans la salle. Je n’en crois pas mes yeux ! L’horreur, ça crie, ça chahute… Au centre, les 2 Phoenix du toit du Byôdo In (de couleur bronze, mais dont la couleur d’origine est d’or, disparue aujourd’hui ; les statues que l’on voit actuellement sur le temple sont des reproductions parfaites), sur un meuble protégés d’une glace. Je vois le meuble se balancer, car les enfants s’appuient dessus, se poussent… J’en suis outrée. Vraiment. Deux magnifiques statues ainsi conservées… Je les vois tanguer, et je sors de la salle. J’essaye de m’infiltrer, les enfants me poussent, ils veulent être avec leurs amis ils me collent contre les murs et me passent devant sans un pardon ni merci, juste en me regardant comme si j’étais une extraterrestre. Je me retiens pour ne pas leur dire « ochizuete kudasai » ou « ki wo tsukete kudasai » (calmez-vous, ou faites attention). Je fais la queue pour aller observer les autres reliques du temple, toujours poussée, les enfants me passent devant et les animateurs ne disent rien. Du coup j’en ai marre, je marche et je quitte la pièce pour l’autre. Dans l’autre, j’observe brièvement les 12 Bouddhas, et je quitte le musée. Enfin dehors ! J’ai absolument détesté le musée du coup. Mais j’ai adoré la pièce (que j’ai bâclée du coup) où l’intérieur du Hô Dô est reproduit, en peintures colorées représentant les Bouddha venant chercher les âmes des personnes décédées pour les emmener avec eux sur la Terre Pure (j’ai oublié de mentionner que le Byôdo In fait partie de la branche Jôdô Shinchû, ou Secte de la Terre Pure).

 


 

Bon. Je marche, et je rentre dans un sous temple nommé Jôdô In. Beaucoup plus calme, très beau. Je fais faire un shuin magnifique. J’admire ensuite la statue enfermée dans un petit bâtiment, dont le plafond est un dragon… Un vieux monsieur s’approche et nous dit, à la dame à mes côtés et moi, que cette peinture a 300 ans. J’en reste admirative. Je reprends le chemin, et je rentre dans l’autre temple juste derrière, Saishô In. Puis je continue mon chemin, jusqu’à la sortie du Byôdo In.

 

Conclusion : j’ai beaucoup aimé. Le Byôdo In ne fait clairement pas partie de mes incontournables pour autant. Son prix est élevé je trouve pour ce que c’est (car en plus, si vous voulez visiter l’intérieur du Hô dô, il faut rajouter 300Yen et les visites se font par groupes à certaines heures), mais il est très beau. A voir si vous passez par-là, si vous avez du temps et de l’argent. La cloche est magnifique, ainsi que les Phoenix.

 


 

Me voici dehors. Il est 5h, j’aimerais boire un  macha. Pas de chance, toutes les boutiques ont fermé… Grosse déception, moi qui comptais sur ce macha pour me garder éveiller en plus, et puis, Uji étant la ville du thé, je ne pouvais partir sans macha. Bon… Je reprends ma marche jusqu’à un pont qui relie la partie de la ville où je suis à l’autre partie où se trouvent les sanctuaires de Uji (puisque la rivière Uji passe entre les 2). Je monte jusqu’aux sanctuaires, où je pense que la matsuri aura lieu. Rien au Uji Jinja. Et au Ujigami Jinja, il y a comme des préparatifs, mais rien, il est fermé. Je constate qu’il est en rénovation, heureusement que nous l’avions vu l’autre fois (car la partie en rénovation est la plus belle, magnifique). Les rues sont comme des rues fantôme, tout le monde est de l’autre côté, à la matsuri. Je marche et je retourne jusqu’au fameux pont de UjiUjibashi – réputé pour avoir été le lieu de grandes batailles historiques. Aujourd’hui, il n’a pour lui que son histoire car c’est un pont où le trafic routier est important, et il n’est pas spécialement beau. Le vent souffle fort, très fort, et siffle… Ne serait-ce pas notre déesse, Kono Hana Sakuya Hime qui s’impatiente… ?

 


 

Je m’engouffre à nouveau dans la foule. En chemin, je craque sur une pomme de terre de Hokkaidô au beurre et au sel… Miam ! La foule est plus dense que tout à l’heure, on marche à 2 à l’heure. Je m’arrête ensuite dans une petite boutique de thé ouverte, mais pas de macha dommage, juste un thé glacé à 100 Yen (70 centimes !!!). Soit. Je prends. Le thé est hypra sucré… Quelle déception. J’ai le droit à une boule de dango gratuite, miam alors… (je déteste les dango, encore moins au macha haha ! Mais j’apprécie le geste et je mange sans rechigner). Je demande alors des informations sur la matsuri de ce soir : la dame ne sait pas. Elle va demander à toute sa famille, personne ne sait ! Elle me dit d’aller tout droit, et plus loin je verrai le sanctuaire, que ce sera là mais qu’elle ne sait pas à quelle heure ni ce qu’il y a. Bien… Si même les locaux ne savent pas, où va-t-on ?! Je reprends ma route au milieu du monde incroyable. Un japonais me sourit. Je me dis que je peux peut-être lui demander des infos, qu’il va peut-être me guider, mais il m’indique juste que ma braguette est ouverte avant de partir… OK… Merci. J’ai pas l’air idiote. Il n’y a absolument aucun étranger ici, je me sens vraiment seule. Je continue la marche. Je demande à un gars qui fait la circulation, qui me dit qu’il se passe quelque chose sur le pont à minuit. Cool enfin une réponse ! Je repars positive. J’avance, j’avance… Et enfin, un sanctuaire, youpi ! J’entre, et j’aperçois les 2 Mikoshi (réceptacle du Kami lors des matsuri). Génial ! Ils sont petits, mais magnifiques !!

 


 

 

Trop contente. J’approche un prêtre et je lui demande quand ils vont sortir les Mikoshi. Le prêtre, persuadé que je dis « Mikuji » (un papier de prédiction), veut absolument m’amener au bureau, je répète 3 fois « Pas omikuji, omikoshi !!! » et enfin il comprend, pour me répondre « on ne les sort pas ». Alors là, je pige plus rien moi ! Je lui fais confirmer. Il me dit qu’ils les rentreront dimanche à 12h, et en camion ! Quoi ?! Mais quel affront !!! Je lui demande des confirmations, il me dit qu’il n’y a rien ce soir. Je suis dépitée à nouveau. J’admire les magnifiques Mikoshi, et je m’en vais faire un Shuin. Je redemande à l’autre prêtre, qui me confirme pour dimanche… Je lui demande ce qui se passe sur le pont ce soir, il me répond « on ne peut pas aller au pont ». Je ne comprends plus rien… Je ne sais plus ce que je dois faire. J’hésite à rentrer.

 


 

Je retourne dans la foule. Je veux une crêpe, mais je n’en trouve plus. Je retourne à la gare, et je vais vérifier les derniers horaires de train : 23h40… Je me disais qu’avec un peu de chance il y en aurait plus tard avec la matsuri, mais non. Je repars faire un bain de foule. Je trouve finalement mes crêpes. Je redemande à un gars de la circulation, qui me redit que cela aura lieu sur le pont à minuit. Je ne sais plus quoi penser. Je retourne, tant bien que mal avec la foule de plus en plus dense et les enfants de plus en plus nombreux, jusqu’au sanctuaire, et je m’assois là, toute seule, perdue. Je croise enfin un étranger… avec une japonaise. Je soupire. La police est là. Je tente la dernière question, je vais leur demander quand les Mikoshi seront sortis. Le policier est super agréable, super gentil, compréhensif… Je lui demande s’il sera possible de suivre les Mikoshi, c’est là qu’il m’annonce que oui mais que ce sera à Agata Jinja. Ah ? Et là, ce n’est pas Agata Jinja ? Pauvre de moi… Il s’agissait d’un petit sanctuaire (dont le nom m’échappe) qui profitait certainement de la matsuri pour dévoiler ses Mikoshi… Le gentil policier sort son smartphone et son GPS pour m’indiquer la position exacte de Agata Jinja, de l’autre côté de là où je suis, non loin du Byôdo In. Allez, c’est repartit ! De toute manière il n’est que 7h et j’ai encore largement le temps. Je sors de la foule car je n’en peux plus, et je passe par des petites ruelles pour aller de l’autre côté. Le Agata Jinja est en haut de la montée où il y a les stands maintenant, oui mais je ne veux pas prendre de bain de foule. Je m’engouffre dans d’autres ruelles, je me pers un peu, jusqu’à ce que je le trouve… enfin !

 


 

Ah oui ! L’ambiance est différente. Le sanctuaire est un peu plus grand, ouvert sur une place. Un Mikoshi de bois est présenté dans une salle éclairé, celui-ci sera sorti dimanche d’après le panneau. Sur la place, il y a du monde qui vadrouille. Je trouve enfin le Mikoshi, le vrai. Cette matsuri est censée être en l’honneur de Kono Hana, la déesse de la floraison, et « symbole de la vie terrestre délicate ». Elle est aussi la déesse de Fuji San. Elle est, dans les sanctuaires, représentée par une fleur de cerisier. On dit que c’est elle qui fait fleurir les fleurs de cerisiers. Dans le temple, elle représente la fertilité et la sécurité lors de l’accouchement. En revanche, je ne sais pas exactement pourquoi cette matsuri a lieu (il faudrait que je traduise leurs explications car les explications en français laissent clairement à désirer). Kono Hana est donc une divinité très importante au Japon (bien qu’aucun de mes collègues ne semblent la connaître…). Le Mikoshi est fait de bois, et au milieu il y a un tronc de bambou avec, par-dessus, des centaines de Shide qui pendent et font comme un arbre fleuri (c’est l’impression que ça m’a donné).

 


 

Les gens prennent le Mikoshi en photo. Sur ma droite, il y a une petite scène de théâtre. Ca a l’air sympa ! Je m’arrête et j’en regarde un bout. Il y a un petit programme écrit, jusqu’à 21h il y aura des activités, c’est bien. Je m’approche du sanctuaire où les gens font la queue pour aller faire leur prière à la divinité. Je m’en vais voir les personnes au guichet pour demander mon Shuin. Des gens dans des tenues extravagantes sont en train de s’échauffer et de s’entraîner, ils vont sûrement danser. Puis je retourne voir la pièce de théâtre, assise sur un petit rocher, tranquille.

 


 


 

Je suis arrivée un peu tard et la scène est terminée. Mais d’un coup j’entends des appels derrière. Je suis bien assise là j’ai mal aux jambes, mais je m’en vais voir ce qui se passe. Des danses, les personnes que j’ai vu tout à l’heure. Des danses rythmées, tous sont habillés de manière extravagante, un homme a un gros tambour (Taiko) qui met une super ambiance, et un autre porte un masque sur le visage et semble être le personnage principal de la danse. Avant cette danse, une des participantes a annoncé l’histoire que la danse contait : dans un village lointain, existait un Kami dans la montagne, et des paysans vivaient paisiblement dans leur village ; mais un Oni (démon en japonais) est arrivé pour tout dévaster. Les villageois ont prié le Kami, et celui-ci est descendu de la montagne pour expulser le démon. Les villageois ont ensuite fait la fête pour remercier le Kami. La danse conte donc cette histoire. J’aperçois une étrangère à mes côtés, c’est rare. La danse s’est terminée, mais reprends un peu plus loin : cette fois, tous dansent en cercle, invitant le public à venir. L’étrangère s’y précipite, imitant les mouvements de la personne devant. J’avoue, je n’ose pas. Je ne serais pas seule, je le ferais. Finalement, une petite fille est elle aussi invitée à la danse, puis un groupe de jeune, et le cercle s’agrandit. C’est vraiment sympathique, très convivial ! La danse se termine, et il faut maintenant attendre minuit pour la matsuri.

 


 


 

Les gens commencent à partir. Je me pose un instant dans l’herbe, lisant un livre sur Kyôto (« Deep Kyôto », que je recommande vivement). Au bout d’un moment, m’ennuyant, je décide d’aller me promener. La foule a nettement disparu à cette heure-ci, 10h. Je suis alors surprise, même choquée et outrée : les rues sont remplies de déchets, de partout : en plein milieu, sur les bords, des canettes, des assiettes, des pailles… on trouve de tout. On parle de japonais comme étant propres, les rues toujours nickel… Je n’ai jamais vu des rues aussi sales au Japon. Je suis vraiment choquée du comportement des gens, sous prétexte qu’ils sont à une matsuri ils peuvent jeter, alors que moi j’ai pris soin de stocker mes déchets dans mon sac en attendant de trouver une poubelle réservée à cet usage… Vraiment… Où va-t-on là ? Bref, un petit tour, rien ne me donne envie, et me revoilà au sanctuaire. Les porteurs du Mikoshi commencent à affluer, dans leur tenue de matsuri bleue et blanche. Ils sont fiers, ils posent devant, ils font des poses parfois macho (les matsuri, c’est très macho ! La fierté de l’homme, la virilité… En même temps, je trouve que c’est aussi ce qui fait le charme d’une matsuri).  Certaines japonaises osent demander une photo avec eux, ils les mettent toujours au milieu et prennent des poses encore plus viriles. Je n’ose, encore une fois, pas poser avec eux, n’ayant personne avec moi. Mais je rigole bien, je les mitraille. Il y a beaucoup de jeunes, pour certains il s’agit même peut-être de leur première fois. Il y a aussi des plus âgés, dans la force de l’âge, qui semblent prêts, motivés et heureux. L’ambiance est super. Dans la rue, les commerçants commencent à remballer, la foule disparaît, et dans le sanctuaire aussi les gens sont de moins en moins nombreux. J’attends ensuite, en lisant mon livre dans l’herbe.

 


 

Les prêtres se préparent. Ils sont de blanc vêtu, l’un arbore son chapeau noir et porte son bâton rempli de feuilles de Shide qui sert à la purification. Cela ne saurait tarder. Les photographes semblent prêts, les photographies des hommes porteurs continuent. Il fait bon, ni trop chaud ni trop froid, la nuit est tombée. Je sens qu’il y a du mouvement, alors je me lève, et j’attends avec les autres, impatiente.

 

Il est 23h30. Les prêtres bougent. Les voilà. Ils approchent du Mikoshi, les hommes retirent les offrandes et le prêtre peut commencer sa cérémonie. Le « chef » des hommes se met au milieu et avec des claquettes de bois tape plusieurs fois pour appeler au rassemblement, tous approchent. Nous, observateurs, nous mettons en arc de cercle pour bien observer. Les photos fusent déjà de toutes parts… Le maire vient ensuite faire un discours. Il remercie  tout d’abord les hommes d’être là pour porter le Mikoshi, car sans eux la matsuri n’aurait pas lieu. Il remercie ensuite le sanctuaire, et il remercie Kono Hana, car il avoue avoir été très inquiet à cause de la pluie prévue pour la journée, il affirme que Kono Hana a fait en sorte qu’il ne pleuve pas et que, grâce à elle, la cérémonie va pouvoir avoir lieu. Il dit quelques autres mots, avant de laisser place au prêtre qui commence sa cérémonie. Il entame des chants, des purifications à l’égard de Kono Hana, puis purifie les hommes avec son bâton de Shide. Il leur laisse ensuite le champ libre.

 


 

Les hommes se mettent en place sous l’ordre du chef, et c’est parti, ils soulèvent le Mikoshi et s’apprêtent à le faire sortir du « hangar ». Ils manquent de toucher le plafond avec le bambou, les gens crient et ils se restabilisent, pour passer en sécurité (pas facile tout ça c’est du lourd !). Un homme habillé de blanc monte sur le Mikoshi, s’agrippe au bambou, met la tête sous les Shide, et se met en position : un bras tendu vers l’extérieur l’autre tenu au bambou, une jambe droite et l’autre repliée sur le bambou. A partir de maintenant, il ne doit plus bouger. J’imagine qu’il représente ainsi l’arbre de Kono Hana. C’est très beau. C’est parti ! Les hommes portent à nouveau le Mikoshi. Le chef crie « Yoi Yoi », et après lui les hommes crient en cœur la même chose « Yoi Yoi », sans jamais s’arrêter, signifiant qu’ils avancent.  Ils font 3 fois le tour du bâtiment central du sanctuaire (j’ai constaté que, dans les matsuri, ils font souvent 3 fois le tour de quelque chose, notamment à Kameoka, 3 fois le tour du feu ; le chiffre 3 est, dans le Bouddhisme et le Shintô, un nombre sacré et très important). Ensuite, ils s’approchent du bâtiment principal où est conservée la divinité, et ils posent le Mikoshi. Ils s’agenouillent ensuite, et le moine entre en scène, à l’intérieur du sanctuaire. Il recommence une nouvelle cérémonie de chants et de purification. Puis on nous annonce qu’à partir de maintenant, il faut couper toute lumière, tout flash est interdit, et toutes les lumières s’éteignent. La matsuri se déroule désormais dans le noir, et la cérémonie continue. Nous regardons tous, ébahis.

 


 


 


 

La cérémonie est terminée, les hommes se relèvent, et reprennent le Mikoshi. Il faut reculer ! C’est parti. Ils refont 3 tours du bâtiment central, puis sortent le Mikoshi du sanctuaire et s’en vont dans la rue, nous suivons bien sûr. Ils s’arrêtent à une intersection large et grande, et posent le Mikoshi. On ne sait pas trop ce qui va se passer… Et alors là, une équipe se met autour du Mikoshi tandis que d’autres restent autour. Le chef nous demande à tous de reculer, et nous dit « Abunai kara, nigeyou » (c’est dangereux, alors fuyez). En gros, il n’y a pas de sécurité comme dans les grosses matsuri, le Mikoshi peut tomber, déraper… c’est à nous de fuir si c’est le cas ! Cool non ?! L’équipe se met en place, le chef tape les claquettes de bois, et là les hommes poussent le Mikoshi d’un côté pour le renverser ! L’homme au milieu ne bouge pas d’un poil. Les hommes de derrière le rattrapent et l’empêchent de tomber. Ils attendent quelques secondes, et poussent dans l’autre sens… Et ainsi de suite jusqu’à ce que le chef tape à nouveau les claquettes de bois ! Parfois, le Mikoshi penche si vite et si violemment que le bambou frôle le sol, j’ai même entendu un craquement à un moment ! Imaginez le gars au milieu ! Parfois, on avait l’impression qu’on allait se le prendre sur la tête en effet, mais les hommes l’ont toujours retenu, même si parfois c’était tellement juste, à la limite de se renverser complètement, que la foule en délire hurlait, ainsi que les hommes, ne respirant plus tellement c’était intense !

 


 


 

Avec ceci, ils alternent en faisant tournoyer le Mikoshi. Comment ?! Une nouvelle équipe s’installe, les bras tendus accrochés au bois et aux cordes, le dos arqué et les jambes bien agrippées au sol pour pouvoir donner de la force en poussant. Le chef fait retentir les claquettes, et tous les hommes poussent ensemble dans le même sens, faisant un effet tourniquait, et courent de plus en plus vite pour faire tourner le Mikoshi. Celui-ci part souvent d’en bas à gauche et se retrouve en haut à droite de l’intersection ! L’état de la route aussi, pas mal, comme si on avait dessiné avec de la craie. Les hommes vont si vite que, souvent, certains sont éjectés par la pression, souvent en courant, mais tombent parfois, en faisant tomber un ou deux autres sur leur passage. C’est très comique, très intense, la foule en délire total ! Et l’homme, au milieu, ne bougeant toujours pas.

 


 

 


 

Je ne sais combien de temps ce manège a duré, alternant entre les 2, de plus en plus violent, de plus en plus rapide, de plus en plus fou. Mais ça s’est arrêté à un moment, et les hommes, en sueur, portent à nouveau le Mikoshi criant « Yoi Yoi » jusqu’au sanctuaire. Quelques tours, et à nouveau le Mikoshi est ramené dans son "hangar". A nouveau, le prêtre exécute une cérémonie, les hommes agenouillés se reposant enfin un peu.

 

 

 


(à partir d'ici, j'ai stoppé toute photo)

 

Lorsque la cérémonie est terminée, le Mikoshi est à nouveau ramené au bâtiment principal du sanctuaire sous les "Yoi Yoi", et déposé devant. A nouveau, une cérémonie a lieu dans le noir complet.

Puis, tous les hommes ayant porté le Mikoshi sont invités à pénétrer dans le sanctuaire. Ils entrent, et s’installent, assis à l’intérieur. Le prêtre exécute son ultime cérémonie, avec toujours ce rite de purification avec le bâton de Shide. Enfin, quelques personnes ayant certainement un lien avec le sanctuaire sont appelés, il leur remet une branche de pin sacrée servant à la purification, ils s’inclinent, la prennent à deux main délicatement, se mettent face au Kami, posent la branche humblement, s’inclinent 2 fois, tapent 2 fois dans les mains, s’inclinent une nouvelle fois, se tournent vers le prêtre et s’inclinent une ultime fois avant d’aller se rasseoir ; bien sûr, chacun leur tour pas tous en même temps.

Pour clore la cérémonie, une coupe de sake est offerte à tous les participants (une mini gorgée, c’est le rituel), et lorsque tous ont bu, c’est la fin, ils sortent.

 

Je m’éloigne alors et descends les marches pour les laisser passer. Mais je vois que tout le monde se resserre en haut ! Mince j’ai perdu ma place je me retrouve tout derrière, et je comprends : les hommes décrochent les feuilles de Shide et donnent une feuille à chaque personne ici. Génial ! Moi aussi j’en veux une, moi aussi ! Un homme me bouscule, me passe devant et fait de même avec la japonaise devant moi (un japonais, j’insiste !). Mais un des hommes porteurs descends et me tends, directement à moi, une liasse de feuilles… Tout pour moi ?! Je me sens honorée, je m’incline, le remercie, et m’éloigne.

 


 

C’est terminé. Tout le monde s’en va. Il est 1h20. Je ne sais pas ce que je dois faire. Finalement, je suis 3 filles qui s’en vont, mes Shide dans les mains, précieuses Shide, représentant Kono Hana. Je me sens heureuse. Le vent s’est calmé, cela me conforte dans l’idée que, tout à l’heure, Kono Hana sifflait, s’impatientant pour la matsuri, mais elle est apaisée désormais. Que faire maintenant ? Personne ne m’a adressé la parole de la soirée, je n’ose donc pas demander à quelqu’un de me ramener. Je me sens en grande forme, pas fatiguée, heureuse et protégée par les Shide : je décide de rentrer à pied. J’en ai pour 3h, je devrai être à la maison vers 5h.

 

J’ouvre ma tablette, le trajet est prêt sur Google Maps car j’ai pris mes dispositions, je n’ai qu’à suivre. Me voilà, marchant le long de la route fantomatique, dans le noir. J’ai un peu d’appréhension, mais après tout nous sommes au Japon, et je me sens protégée : j’ai mes mamori, mes clochettes de protection sur mon sac, et surtout les Shide de Kono Hana. Je veux suivre la route principale, mais le trottoir est inexistant, je suis donc le trajet du GPS. Je me perds dans les ruelles, et je me retrouve au cœur des rizières… Dans la nuit, c’est juste magnifique, mythique… La lune se reflète dans l’eau des rizières dont les pousses sortent à peine. Les animaux chantent, les grenouilles croassent… Un beau spectacle visuel, mais aussi musical. Je remercie ma conscience, et Kono Hana pour cette soirée (et tout autre Kami me protégeant), pour m’avoir amenée jusqu’ici. Je me sens bien, rassurée, rien ne peut m’arriver. Je retrouve les petites routes. Tout va bien, dans le meilleur des mondes.

 

Cela fait une heure que je marche. Je sens la fatigue, mentale, physique, mes jambes sont lourdes et mes pieds souffrent. Je continue, je n’abandonne pas. A plusieurs reprises, je pense appeler un taxi. A chaque fois, aucun ne se présente. Et lorsque mon mental se renforce et que je me dis qu’il s’agit d’un entraînement et que je ne dois pas baisser les bras, un taxi me passe devant les yeux. Je prends cela comme un signe, je n’ai que cela pour me motiver. La faim me creuse l’estomac depuis un moment, il n’y a aucun conbini ici. Juste des distributeurs, bien, je vais prendre une boisson vitaminée. Ah… Je n’ai qu’un billet de 5,000 Yen et une pièce de 100 Yen… Et les distributeurs ne prennent que les billets de 1,000, ici les boissons coûtent 120 Yen minimum… J’avance, un peu dépitée. J’ai faim. Courage. Ce n’est que plus loin que je trouve un distributeur à 100 Yen où je peux m’acheter un jus d’orange qui me calera pour une nouvelle heure et me donnera un peu de force. Je continue d’avancer.

 


 (Byôdo In)

 

J’ai retrouvé la grande route. A partir de là, il y a tout plein de conbini, restaurants ouverts de nuit… Mais je n’ai plus faim, j’avance. La route commence à être longue, sur la grande route cela est lassant. J’atteins ensuite des petites rues, et je me trompe de route. Pas grave, d’après le GPS cela me mène au même endroit. Plusieurs fois mon moral tombe, mais reprends vite. Soudain, sur ma gauche, j’aperçois un grand Torii gris… Je m’interroge. Ma conscience me dit « non, tu dois rentrer, il est 3h du matin », mais ma curiosité pousse ma mauvaise conscience. « Allez, j’y jette juste un petit coup d’œil, au moins histoire d’avoir son nom ». Je rentre. Un joli petit sanctuaire sur ma gauche, faiblement éclairé. Une petite courbette, une petite prière au Kami pour le remercie. Et j’avance dans l’allée et là… Tout me revient ! Je connais ce sanctuaire ! Octobre 2013… Nous étions en route, avec Edouard, Elodie et Axel pour aller au restaurant avec notre propriétaire de l’époque, et nous sommes tombés sur une matsuri, des hommes portant un Mikoshi doré et une foule en délire les suivant ! Nous n’avions pas résisté et nous avions appelé Yasuko pour lui dire que nous serions en retard car nous allions à la matsuri. Une folie ! Tachibana Matsuri, c’était son nom. L’article ICI.

 

L’allée est vide, plus de stands, et au bout l’endroit où sont rangés les Mikoshi est fermé. Je m’avance, je ne l’avais jamais vu d’aussi près à cause de la folie ambiante. Je l’observe, je remercie à nouveau le Kami. Le sanctuaire est magnifique… Je n’avais jamais remarqué Ô combien il était si beau. J’en fais le tour, il est en fait très grand ! Je me sens bien ici, reposée, calme, tranquille. Mais je dois partir. Au revoir… Je ne sais si le destin m’a poussé jusqu’ici, mais cela évoque tant de choses en moi, fait ressortir tant de souvenirs, tant d’émotions… Je me sens, bizarre. Mais bien. Heureuse. Je reprends ma route. Quand, plus loin, sur ma droite un petit Torii gris fait son apparition. A nouveau, je me dis qu’il faut que j’y aille… Mais quelque chose me pousse à rentrer. Je rentre. Je me purifie, et j’approche du sanctuaire, un remerciement à nouveau. Ici règne une atmosphère étonnante, apaisante à nouveau. Je peux lire, gravé dans le bois de chaque pilier du sanctuaire, le Kanji « cheval ». Je comprends donc pourquoi je suis là, à nouveau c’est comme un signe. Ce sanctuaire me plait d’ailleurs beaucoup. C’est le Fuji no mori Jinja. En me retournant, j’aperçois les Ema (tablettes votives) avec un signe du Kanji du cheval, et d’autres avec un cheval de course et un jockey ; cela me déçoit un peu, car j’en déduis que ce sanctuaire est dédié aux courses, mais cela n’est pas grave. (J’apprendrai, par la suite, que le sanctuaire a été créé pour les empereurs et renfermait une divinité de la guerre ; aujourd’hui, il renferme toujours des divinités de guerre et de victoire, mais les gens viennent prier pour la santé des jockeys et des chevaux, et aussi pour célébrer la fête des garçons, pour la naissance de garçons et leur bonne santé). Maintenant, il commence à pleuvoir… Je ne veux absolument pas mouiller mes Shide, j’ouvre mon parapluie, et je marche tant bien que mal. Je continue ma route. Je commence sérieusement à fatiguer, mais je pousse jusqu’au Inari Taisha, de toute manière je ne croise aucun taxi.

 


(Byôdo In)

 

Arrivée à Inari, je n’en puis plus, cela fait plus de 2h que je marche. Je me dis que cette fois, le premier taxi que je vois, je l’alpague. Je me retourne et là… un taxi ! De plus, un cœur « MK » (il y a plusieurs compagnies de taxi au Japon), et je me souviens du jour où on a pris le taxi avec Elodie, Edouard et Axel pour redescendre de la matsuri de Kurama… Elle cherchait un taxi MK parce que c’étaient les moins chers et les plus sympathiques ; nous ne l’avions pas trouvé, mais j’ai toujours gardé cette discussion en tête. Et là, par pur hasard (ou destin ?), un taxi MK s’arrête pour moi… J’attends que la porte s’ouvre, mais pas automatique apparemment. Je m’apprête à ouvrir, mais le conducteur se jette sur le siège passager, ouvre la portière, sort en folie et m’ouvre avant que je n’ai le temps de le faire, me remerciant… Je ne sais quoi dire. Je rentre, il referme délicatement, et se remet en place, me remerciant à nouveau… Je suis épuisée, je lui  donne l’endroit où me déposer, et c’est parti. Il est très rapide, mais très doux. Ah… Cette douceur… Dodo… Il me demande si la température convient, très chaleureux. Je n’ose trop lui parler. Il est plus de 4h du matin, j’imagine qu’il a été content en me voyant. Un  peu plus tard, on papote finalement un peu en japonais. Il me dépose. Je paye. Puis je prépare mes affaires, et à nouveau il bondit hors de son siège, traverse la voiture et m’ouvre… C’est fou ! Je sors, je le remercie, il vérifie que je n’ai rien oublié. Puis il s’incline pour me saluer… Merci… Je le remercie… Cela fut un plaisir.

 




09/06/2014
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