Destination Kurama, Randonnée jour 1
Mercredi 23 mai, grand départ
Je me suis réveillée à 6h30 du matin, et je me suis levée directement. La jeune japonaise était déjà debout, et Ishii s'est réveillée peu après moi. J'ai pris le temps de profiter de la matinée, le soleil déjà levé.
Dans le Shukubo, les toilettes sont communes, il faut aller dans le hall, et sortir, prendre un long couloir ouvert des deux côtés et protégé par un toit. Ce chemin permet d'avoir la vue sur le jardin arrière du temple. Face à ce couloir, il y a une pièce, certainement là où est réalisé la cérémonie du thé.
Ce petit jardin est vraiment joli, recouvert de mousse, aux arbres doux et bien positionnés, des roches à droite à gauche, et un petit chemin de pierres permettant de passer du hall où se trouvent les chambres à la maison de thé. Tôt ce matin, il pleut légèrement. J'ai envie d'aller méditer dans le jardin, mais je ne suis pas sûre que cela soit autorisé d'y aller. Alors, je demande à Ishii, lui exprimant mon désir de faire Zazen et lui demandant si elle sait si on peut aller dans le jardin (après tout, elle est japonaise, je me dis qu'elle doit savoir comment se conduire en shukubo). D'abord, je lui demande si on peut ouvrir les portes coulissantes de notre chambre, qui doivent aussi donner sur un jardin, et je me dis que cela doit être agréable de méditer devant la chambre face à un jardin.
En réalité, elle n'en a aucune idée, mais comme elle est plutôt du genre sans gêne, elle me dit "allons voir". D'abord, elle essaye d'ouvrir les portes coulissantes de la chambre, mais elles sont bloquées par des branches de bambou au sol, on pourrait facilement les enlever, mais il doit y avoir une raison. Bon, tant pis. Puis elle sort de la chambre et va ouvrir les fenêtres coulissantes donnant sur le jardin ! En réalité, un petit loquet les gardent fermées, mais elle ose ôter le loquet, et elle ouvre ! Là je dois dire que je ne suis pas à l'aise, si le loquet est fermé, peut-être qu'il y a une raison ?
Mais elle ne s'inquiète pas, elle descend dans le jardin, empruntant le petit chemin de pierres. Bon, eh bien, je la suis ! J'espère juste que les responsables du Shukubo ne vont pas nous voir et nous sermonner. Mais j'oublie vite tout ça pour profiter de cet instant présent.
Nous observons, sous la petite pluie fine, la mousse, les roches, les détails du jardin et des éléments naturels entourant le chemin... Elle pose ses mains sur les pierres, pour essayer de voir quelles pierres dégagent de la chaleur à travers ses mains. Je fais de même. Elle se surprend à ressentir cette énergie sur des pierres qui, à priori, ne sont pas "sacrées". Cela me fait sourire, j'aime voir cet esprit jeune et enfant qu'elle arbore, cette passion qui l'anime soudain face à cette énergie qui peut se dégager des éléments de la nature, et qui ne m'étonne pas.
Elle va jusqu'au bout. Cul de sac, il y a la maison de thé, et le couloir de bois surélevé face à nous. Je pense qu'on va faire demi-tour... Quand soudain je la vois grimper sur le couloir ! Euhh... Je me demande si c'est vraiment bien, ça... Mais je la suis ! Hop, je monte à mon tour, j'apprécie le contact du bois sous mes pieds nus, et je me laisse glisser en avant sur le couloir, suivant Ishii. Nous arrivons face à la porte qui mène à nos chambres, avec marqué "interdiction d'entrer", donc bien sûr Ishii essaye de l'ouvrir, mais elle est fermée de l'autre côté. Sur notre droite, le couloir continue, Ishii ne perd pas le nord et elle s'y engouffre. Et là... Eh bien, messieurs dames, nous voilà dans la partie "touristique" du temple Rokuô In... La partie où, quand vous payez l'entrée, vous pouvez aller. Nous y voici, à 6h30 du matin, seules, sans personne, face au jardin magnifique. Face à nous un bâtiment se dresse, la partie basse légèrement cachée par les arbres élégants et bien taillés. Au sol, une mousse splendide, verdoyante, recouvrant la totalité du jardin, et des petits chemins qui passent au travers, chemins de terre blanche.
Nous nous avançons pour admirer, nous sommes en fait devant nos chambres, si nous avions ouvert les portes coulissantes, nous y aurions vu ce jardin (peut-être pour ça qu'ils les gardent fermées ?).
Nous avons fait le tour par le couloir de bois, allant voir le bâtiment. Une autre pièce était ouverte, avec des statues de Bouddha à l'intérieur. Nous ne nous sommes pas attardées. Ishii m'a donné tout plein d'explications sur les différents noms des arbres, et des roches aussi. Très intéressant, mais je n'ai pas retenu grand chose cependant (grand nombre de termes japonais que je n'avais jamais entendu, et mon cerveau a fini par les oublier ! trop d'un coup ^^).
Nous sommes revenues par le petit chemin, nous avons fermé la fenêtre coulissante, comme si de rien n'était... Personne ne nous a vu, et nous avons grandement apprécié cet instant magique. Je n'avais pas mon appareil photo sur moi (je n'avais pas imaginé que nous allions visiter ainsi !!) donc pas de photos du jardin et du bâtiment à l'avant.
Puis, quelques minutes après, une personne est venue nous appeler pour le petit-déjeuner. Eh bien, quel timing !
Nous sommes allées dans la pièce réservée à cet effet, à l'entrée du temple. Une jolie table basse nous attendait. Nous étions 5, car 2 autres femmes ont dormi dans la chambre à côté de la notre. Un petit déjeuner royal, digne d'un repas en ryôkan... Copieux et magnifique ! Bien sûr végétarien car nous sommes en temple, cela me convient donc parfaitement ! Au menu, du thé vert en boisson, une soupe miso (excellente !!), du riz, des algues séchées (un régal avec le riz et dans la soupe... !!!), des tsukemono (aliments macérés, d'habitude je déteste ça, mais là, en mangeant en pleine conscience et en me disant qu'il n'y a rien de bon ou de mauvais car tout n'est que perception, et j'ai vraiment apprécié cette nourriture cette fois, en mangeant lentement, et vraiment en pleine conscience), des haricots rouges sucrés (un pur délice de mon point de vue !), une boule de riz entouré d'une pâte (inari je crois), je n'avais jamais mangé cela auparavant et j'ai énormément apprécié !
Le repas fut agréable, nous avons tous discutés, bien qu'une japonaise de la chambre d'à côté se soit plaint du fait que Ishii parlait fort hier soir et que cela ait duré tardivement (jusqu'à 21h), cela l'a dérangé ; elle est venue ensuite s'excuser auprès de moi en me disant que ce n'était pas de ma faute. Extrêmement étrange, mais pourquoi pas. Je fus la dernière à table, tout le monde eu fini de manger avant moi, car je prenais mon temps, lentement, lentement... Ce dernier repas extraordinaire. Mais cela ne m'a pas dérangé, de me retrouver seule, avec mon petit déjeuner.
En quittant la sale, j'ai retrouvé Ishii sur le couloir menant aux toilettes, avec son appareil photo. Elle m'a fait signe de la rejoindre, elle était assise sur un banc disposé sur le couloir. Elle m'a dit de m'asseoir, et m'a dit "Regarde ! Depuis hier, je me demandais pourquoi ils avaient mis un banc ici. Alors j'ai voulu essayer. Regarde ! Je comprends maintenant !", j'ai observé le jardin, depuis le banc... Et tout a pris une dimension différente. Lorsque nous nous rendons aux toilettes, nous ne prêtons pas tellement attention à ce joli jardin, ou du moins pas de cette manière. Le banc est un rappel à la contemplation. J'ai donc profité, et contemplé le lieu sous un regard nouveau. Puis je suis allée chercher mon appareil photo, pour immortaliser ces instants, mais les photos ne donneront jamais la qualité que les yeux peuvent offrir.
Ensuite, je suis allée chercher mon sac. La pluie tombait plus fort maintenant. Il me fallait décider quoi faire.
Je comptais partir à pied du temple, pour aller jusqu'à Kiyotaki (une petit cascade, dont le chemin de randonnée passe le long d'une rivière abritée des arbres, un lieu tellement serein et magnifique), puis prendre le chemin de randonnée jusqu'au village de Takao. Mais avec toute cette pluie, il me semblait plus judicieux de prendre le bus jusqu'à Takao, et de démarrer ma randonnée ici. J'ai donc enfilé mon imperméable et mon pantalon de pluie. Ishii m'a fait ses adieux, elle partait aussi, elle allait à Kurama justement aujourd'hui. Je lui ai dit qu'elle y ressentirait cette chaleur, cette énergie là-bas...
Puis j'ai pris la route. J'ai quitté le temple, j'ai fais quelques petites prières aux sanctuaires à l'intérieur de l'enceinte du temple, j'aurais aimé méditer mais là avec la pluie, et je voulais prendre la route. Puis je suis allée jusqu'au Randen, un train qui va de Kyôto à Arashiyama, je me suis arrêtée à la station où je pouvais prendre mon bus, et je suis allée attendre celui-ci, en passant par un petit sanctuaire où j'ai demandé aux Kami de me protéger durant cette randonnée.
Le bus est arrivé, et m'a déposé au dernier arrêt, Takao.
TAKAO
C'est un petit village au nord-ouest de Kyôto, très peu connu des touristes étrangers. J'y suis déjà allée, juste avant de quitter le Japon 4 ans auparavant, et j'avais été complètement charmée par ce lieu envoûtant, d'ailleurs je n'avais jamais rédigé l'article à ce propos. J'y étais allée en vélo depuis mon lieu d'habitation jusqu'à Kiyotaki, puis à pied. Une journée d'été magnifique, très chaude, sous les chants des cigales japonaises... J'avais trempé mes pieds dans la rivière, arrosé ma tête, et j'avais visité les 3 temples de Takao.
Cela vous a mis l'eau à la bouche ? Très bien, j'en ferais un article spécial après la fin du récit de ces 2 semaines au Japon... Soyez patients.
Il était 10h environ, tout était fermé, pas un chat à l'horizon. Je me suis installée sous l'abri d'une petite boutique, m'asseyant sur un de leur banc, pour vérifier ma carte et vérifier par où passer. Puis, la capuche sur la tête, j'ai pris le chemin.
Magnifique chemin de pierres, en escaliers, qui descend vers la rivière. Avec la pluie, le chemin est mouillé et brillant, j'adore. Je me sens si nostalgique. Arrivée en bas, la rivière est si belle, je me souviens des sentiers empruntés pour y venir... Et les ponts rouges, si beaux. Je marche, le sourire aux lèvres. Voilà le début de ma randonnée...
Je marche longtemps, sur les petites routes, puis j'emprunte un chemin qui monte, monte, monte. Je sens le poids de mon sac peser sur mes épaules, mais ce sac est ma maison. Il m'est précieux. Je profite de chaque pas, de chaque instant, de chaque foulée que je parcours sur ce sentier. Je suis les indications, à Kyôto, il est possible de traverser les montagnes d'ouest en est, et la ville a créé le "Kyôto Trail", qui part de Higashiyama (à l'est), en passant par le mont Hiei et Ôhara, il fait le tour par le nord, puis redescend sur Arashiyama en passant par Ninose juste au sud de Kurama et par Takao et Kiyotaki. Je suis donc le balisage du Kyôto Trail, très bien fait, difficile de se perdre.
J'arrive à une intersection. Là, je vois un panneau "attention aux ours". Bon... Je savais qu'on pouvait trouver des ours dans la région de Kyôto, mais pas tellement, c'est pas Hokkaidô non plus... Mais j'avoue que ça me fait moyen rire de voir le panneau, même si le dernier ours aperçu date peut-être d'il y a longtemps. Je vois ensuite sur le panneau qu'il me faut prendre le chemin de gauche. Hum... Oui, le tout petit étroit et mal entretenu qui monte ? Parce que celui de droite il est grand et large et beau... Bon, et bien, alors prenons celui de gauche. Plus je monte, plus je me dis "c'est pas possible, j'ai dû me tromper !". Pourtant, le Kyôto Trail semblait sûr... Je regarde ma carte, il y a un autre chemin qui monte, et qui va carrément à l'opposé de ma destination, loin... Mais si je l'avais emprunté, je suis presque sûre que c'était plus tôt... Mais le doute m'envahit, parce que ce chemin est super étroit, les branches ont poussé de part et d'autres et il me faut les écarter à certains endroits, le sol est glissant et la terre s'est creusée avec le temps et a créé un fossé, les escaliers sont tellement vieux et mal entretenus qu'ils sont presque inexistants et qu'il s'agit, à certains endroits, d'un petit peu d'escalade il me faut mettre les mains pour grimper et pousser fort sur mes jambes. Bon... Je décide de continuer un peu car, après tout, j'ai beaucoup monté, et tout redescendre me déplaît un peu.
Et j'ai bien fais de continuer. Finalement, plus haut, le chemin reste étroit mais il est plat, et il va dans ma direction, ma boussole me le confirme. Alors je continue, encore et encore... Puis je retrouve du balisage sur les arbres, ouf ! C'est bon. Je continue, et, bien plus loin, un chemin descend et le Kyôto Trail indique qu'on peut le prendre. Je pense qu'en fait il y avait 2 chemins possibles, mais celui-ci sur ma droite ne semble pas mieux non plus. J'ai peut-être bien fait de prendre le premier.
Heureusement que les panneaux m'indiquent la voie, car à un moment, j'aurais carrément pas pris ce chemin d'intuition, j'étais comme perdue dans la forêt, sans balisage, j'aurais pas su me retrouver.
J'ai marché jusqu'au lac "Sewa no Ike", ou plutôt "l'étang". C'est ainsi qu'ils le nomment, "Ike" signifiant "Etang", mais on dirait un petit lac. J'avais repéré qu'il s'agissait d'un lieu de camping, et mon idée était de partir de Arashiyama et de passer la nuit à ce lac, mais en prenant le bus j'ai raccourci mon chemin, il n'est que 11h, donc je ne vais pas camper ici ; je voulais pique-niquer, mais il pleut tellement, je n'ai pas envie de m'installer, de toute manière pour allumer mon réchaud il faut que je me couvre, et j'ai la flemme, puis je n'ai pas faim et il est tôt. Je profite de ce lieu, et j'imagine combien cela doit être agréable de camper ici, d'y passer la nuit. Des tas de feux de camp sont restés un peu partout sur les berges du lac, l'ambiance doit être bonne ici l'été. Je le conseille à tout Kyôtoite en tout cas.
Plus loin par contre, la déception de voir que des tas de déchets ont été abandonnés, jonchant le sol en grande quantité. Pourquoi ? Je pense... Je fais une prière, en tapant des mains, les yeux clos, à ce lieu, remerciant la nature et les éventuels Kami d'accepter ma présence ici, et m'excusant des dégâts causés par les humains.
La nature, au Japon, se fait parfois rare, surtout autour des grandes villes, alors pourquoi venir la gâcher ainsi ? Non, décidément, je ne comprends pas, je ne comprendrai pas... J'ai envie de prendre un sac plastique et de tout ramasser, mais je dois être raisonnable, je suis déjà chargée, où vais-je mettre tous ces déchets ?
Je continue ma marche, quittant le lac, si joli avec les gouttes de pluie qui se posent dessus. Quelques jolies fleurs roses font leur apparition, je ne peux m'empêcher de les contempler, le sourire aux lèvres, sous la pluie, je suis si heureuse, j'ai tellement de chance. Je décide de capturer cet instant d'épanouissement.
Puis je marche, je marche. A travers la forêt. Les chemins sont époustouflants, si jolis. Petits, étroits, entourés d'une nature pure et sauvage. Ici, peu de gens foulent ces chemins. Ils sont entretenus cependant, des escaliers formés à certains endroits, des barrières, des bordures en bois naturel. Les grands arbres se dressent alentours, les buissons, les grandes herbes, des petits ruisseaux s'écoulent et traversent les chemins.
Sur ma droite, des Jizô (des statuettes vêtues d'un bonnet et d'un bavoir, que l'on trouve dans les temples ou sur les chemins de pèlerinages / randonnées, qui protègent les voyageurs mais aussi les enfants et les femmes enceintes). Je gravis les marches pour aller à la rencontre de ces deux statues. Devant elles, des offrandes, du sake, de l'eau, des pièces... Je claque deux fois des mains, je m'incline, et je prie. Je prie pour qu'ils me protègent pendant mon voyage, et je les remercie de me laisser traverser cette forêt, je les remercie de me garder en bonne santé. Je n'ai pas grand chose à leur offrir, car j'ai seulement ma maison sur moi, et il m'est difficile de me débarrasser de quoi que ce soit, mais je ne pense pas que les Jizô, Kami et autres divinités n'aient réellement besoin de toutes ces offrandes. Je pense qu'ils ont besoin de notre réelle volonté, de notre réelle bienveillance, et de notre réel amour. Je pense qu'ils savent reconnaître lorsque nous leur sommes profondément reconnaissants. Je leur offre donc mon âme, mon coeur, et ma joie de vivre, et toute ma reconnaissance.
Quand je suis ainsi en voyage au Japon, il m'est important de remercier ainsi les divinités. Que l'on croit ou non en leurs capacités à nous aider, je crois qu'il y a des énergies puissantes qui font partie de ces lieux, et que nous avons la capacité d'utiliser notre énergie à bon escient, pour que tout se déroule au mieux.
Je continue le chemin. Plus loin, la vue sur Kyôto se dégage... Mais je n'y vois pas grand chose, la pluie et les nuages ont transformé le paysage. Mais qu'importe, je me concentre sur l'instant présent, sur le bonheur de parcourir ces kilomètres dans ce lieu unique. Je suis encore loin de la montagne sacré de Kurama, mais ici aussi je peux sentir une énergie unique et douce.
Plus loin, un panneau du Kyôto Trail m'indique que j'ai le choix entre deux chemins, à droite ou plus haut. Un autre panneau m'indique que le chemin en haut n'est pas praticable, ou plutôt sur l'image le chemin est en rouge avec des croix, et celui de droite est en bleu. Je ne lis pas les indications écrites en japonais à côté en pensant que le dessin est assez explicite, et je ne souhaite pas sortir ma carte pour vérifier car je préfère éviter qu'elle ne prenne trop la pluie. Alors, sans hésiter, je prends à droite, et je descends, une très longue descente avec pas mal de dénivelé, et un gros tronc en plein milieu sous lequel je passe en m'agrippant, et en souriant. D'habitude, j'aurais peut-être pensé "oh non, avec mon sac à dos, ça va être pénible à passer", mais là j'ai pris ça comme un jeu, un petit défi, passer sous le tronc sans ôter mon sac à dos, en ressentant tout son poids sur moi, en m'agrippant au tronc en pleine conscience, caressant le tronc de cet arbre de mes mains, de mes doigts, un réel contact. Je l'ai d'ailleurs remercié de m'avoir laissé passé.
Durant tout le chemin, j'étais très souvent en pleine conscience, consciente de chaque pas que je faisais, lentement, chaque foulée, chaque avancée, le balancement de mes bras, la pluie sur mes habits, le poids de mon sac à dos, l'humidité sur mes mains... Oui, j'étais pleinement consciente de tous ces états, de ces instants présents. Mais parfois, mon esprit partait tout de même, divaguait, pensait.
Et, soudain... Il se fixait. C'était assez incroyable... Je ressentais des picotements dans le coeur, mon esprit était posé, à l'écoute, vraiment dans l'instant, soudain, comme s'il attendait quelque chose... Calme, serein... J'étais comme dans un état second en ces moments. Puis quelque chose arrivait dans les minutes qui suivaient... C'était fou. Quand cela m'est arrivé, j'ai croisé un tuyau par lequel s'écoulait l'eau, et cet état d'esprit dans lequel j'étais, je l'appelle l'intuition en fait. Et tout mon corps me criait : "ravitaille-toi en eau ici". Ce que je fis.
J'ai continué de descendre, sur ma droite deux maisons, un homme était dans la première des maisons, j'ai salué en passant. J'ai atteint une route, et il m'a semblé étonnant que je sois sur une route, sur ma carte je me souvenais devoir rester sur des chemins. Je savais, intérieurement, que je m'étais trompée, mais une petite voix intérieure (l'intuition toujours), m'a demandé de continuer. J'ai marché, sachant pertinemment que j'allais rebrousser chemin. Et là, sur ma droite, des Jizô à nouveau. Alors c'est ça... Ils voulaient que j'aille les voir. Je les ai remerciés, et j'ai demandé leur aide pour me protéger. J'ai allumé un bâton d'encens pour eux (j'ai porté, dans mon sac à dos, de l'encens et des allumettes). Puis, un peu plus loin, un panneau m'indiquait où j'étais, j'ai donc pu comparer avec ma carte et vérifier ce qu'il me semblait, je n'étais pas sur le bon chemin. J'aurais pu continuer, cela m'aurait mené au même endroit, mais j'augmentais considérablement le nombre de kilomètres, et le tout sur du goudron. Je préférais encore remonter la pente avec un sacré dénivelé et rester dans la forêt.
J'ai donc entrepris l'ascension à nouveau. Et j'ai bien fais... En remontant, l'homme était sur la terrasse, assis. Première réflexion intérieure "oh non, il va se demander pourquoi je remonte, la honte." Puis, je me suis dis "Es-tu stupide ? Tu t'en fous, après tout, t'es contente, t'es allée voir les Jizô, tu t'es ravitaillée en eau, puis tu vas repasser sous l'arbre du chemin. Et tu es heureuse... Il n'y a aucune honte à se tromper, et c'est pour une bonne raison."
Et soudain, mon esprit s'est fixé, à nouveau. Immobile, sans pensée, prêt, à l'affût... Quelque chose allait se passer.
Oui...
Mais quoi ?
Je le sens, quelque chose va arriver, je le sais, tout mon Être le crie...
L'homme me resalue. Il me demande si je suis perdue. Je lui explique que non, je sais où je suis, mais je me suis trompée, alors je remonte.
Il sourit, et me dit "Un café ?"
J'accepte.
Je m'approche de la terrasse. Il me montre où poser mon sac à dos, je le remercie. Je me déchausse, je monte sur sa terrasse tout de bois, et j'observe autour. Tout est en bois, les chaises, la table, les boites aux lettres. Devant la terrasse, des arbres coupés. Ce monsieur serait-il menuisier ?
Il m'installe une chaise, et m'apporte un classeur qu'il me tend. Je m'assoie, le remerciant. Je lui demande s'il travaille le bois, il acquiesce. Il m'apporte un café. Je ne bois quasiment jamais de café, mais j'ai marché des heures sous la pluie, et je suis juste ravie d'être invitée, ravie que l'on m'offre tant de bienveillance au cours de mon périple.
Nouvelle douce rencontre...
Il n'y a pas de hasard, aucune rencontre n'est hasard. Celle-ci n'en est pas une.
Ce monsieur, par son café, m'offre réconfort, il me prouve que l'homme est doté d'un fond bienveillant, qu'en chacun de nous l'amour existe, et qu'aider son prochain n'est pas impossible. J'ouvre son classeur, rempli de photos. Les photos de ses créations, de ses ventes aux clients. Des tables, des chaises, des lits, des armoires, des petites chaises pour enfant... Tout en bois, tout magnifique, chaque création est unique, et si belle. Il est souriant, il est fier, il est heureux, il est heureux de me partager cela. Je pense aussi qu'il est heureux de partager quelques minutes de sa vie avec moi.
Je reste peut-être une demi-heure avec lui, à discuter. Il fait venir son bois de Gifu. Il travaille en tant que menuisier depuis 20 ans, il a toujours vécu sur Kyôto depuis qu'il est menuisier. Il aime son métier, il travaille 7j sur 7, jamais de vacances. Là où nous prenons le café, c'est son atelier, qu'il a lui-même construit. Il ne vit pas ici, il vit ailleurs. Face à la terrasse, il a créé un petit jardin, avec de magnifiques plantes, il vit en bord de forêt. Il est heureux de travailler en ce lieu.
C'est alors que j'apprends l'impensable.
Je lui mentionne que j'ai fais du WWOOF à Hokkaidô (l'île du Nord du Japon), à Hidaka. Et il me regarde avec de grands yeux. Hidaka... Petit village de Hokkaidô, où il n'y a pas grand chose... Il y a vécu dans sa jeunesse ! Expliquez-moi, quel est le pourcentage de chances que je rencontre une personne, dans la forêt, qui a vécu dans ce même village ?! Mais ce n'est pas tout, il a fait du cheval aussi, à Hidaka, comme moi... L'impensable ! J'ai envie de pleurer face à tant de magie. Et, ce n'est pas fini... Il est parti de Hokkaidô, sac sur le dos, chaussures de randonnée aux pied, et il a marché 1 mois, arpentant Hokkaidô jusqu'à Kanazawa. Il m'a vu avec mon sac à dos, et cela lui a remémoré ce temps, sa jeunesse, alors qu'il n'avait que 18 ans. Nostalgie...
J'ai envie de m'incliner face à la vie. Merci de m'avoir mis sur la roue de ce monsieur, merci...
A Kanazawa, il a rencontré un professeur, et il est allé à l'université. Finalement, il a décidé de travailler le bois, il n'a fait aucune école, il a tout appris seul, et aujourd'hui son travail est magnifique. On sent la passion... L'énergie de son atelier est forte.
Nous parlons encore, il a accompagné des balades à cheval, il y a de nombreuses années, au Gosho à Kyôto (le palais impérial). Il me dit que maintenant, on ne voit plus de chevaux, sauf lors de la Aoi Matsuri pour le défilé, mais je vois la tristesse dans son regard, il me dit que les chevaux viennent du centre équestre au nord de Kyôto, où les chevaux sont enfermés, et triste. A Hokkaidô, ils étaient dans de grands espaces, et heureux.
Je n'en reviens pas... Un japonais qui connais les chevaux, et qui les trouve malheureux en box...
Finalement, il est temps pour moi de prendre congé. Chaque rencontre est éphémère, j'ai, à nouveau, profité de ces instants en pleine conscience. Avant de partir, il me fait visiter l'intérieur de son atelier, avec ses machines. Je me sens honorée.
Je le quitte, le coeur lourd, le coeur serré. Il me donne sa carte et me dit "revenez me voir". J'ai envie de lui promettre que je reviendrai, mais je ne peux pas faire de telle promesse. Mais j'en parlerai autour de moi, et si je reviens... Je ne l'aurais pas oublié !
Si vous passez dans le coin, allez le voir... !
Oh, et il a aussi fabriqué un banc, à côté du tuyau d'eau où je me suis ravitaillée. Il a mis ce banc pour que les randonneurs puissent se reposer lors de leur ascension ou après être descendu. Tant de bienveillance émane de cet homme.
J'ai repris la marche, je suis montée, montée... Repassée sous l'arbre. Les larmes ont coulé, il est vrai. Cette rencontre me fut chère, et précieuse. Intense. Forte. Puissante. Rare. Je remercie encore et encore l'univers pour m'avoir apporté tant de générosité. Merci, merci, merci...
Je suis de retour au panneau, je lis les signes en japonais... Ah oui, si j'avais lu ! Le chemin est fermé du 25 septembre au 10 novembre... HAHAHA ! Bon, quoi qu'il en soit, je n'ai aucun regret, si je me suis trompée, c'est parce qu'il me FALLAIT rencontrer ce Monsieur (Oda). J'ai pris un réel plaisir à descendre et monter ce chemin, à saluer ces Jizô, et l'eau de ma gourde est remplie d'une eau douce. Je continue mon ascension. J'y croise plein de jolies fleurs rosées, et des pierres stratifiées, avec des couleurs brillantes et dorées. J'ai envie d'en prendre une, mais je ne dois pas me charger, je les laisse en ce lieu, seul le souvenir restera.
J'arrive à une intersection. Je peux continuer tout droit - le plus court - ou tourner, et faire un petit crochet. Sur un panneau, je vois "Maison de la Nature, 200m". Le nom m'interpelle. Tiens, "maison de la nature", c'est quoi ? 200m, c'est rien. Allez, je fais le petit détour ! De toute manière, je n'ai rien à perdre à marcher un peu plus. Bon, en réalité, je pense qu'il y avait plus de 200m... Je ne voyais pas la maison arriver, et je me disais que peut-être qu'il n'y avait rien en fait ! Mais soudain, une grande bâtisse tout en bois s'est montrée face à moi, imposante et magnifique. Waw.... Je n'en revenais pas ! Au coeur de cette forêt ?! Vraiment ?! Je me suis avancée, il était en fait possible d'accéder à ce lieu en voiture, mais quoi qu'il en soit, c'était si perdu dans la montagne.
J'ai emprunté les escaliers, et je suis allée sur la terrasse. Je me suis dit que j'allais peut-être dépenser un peu d'argent pour manger... J'ai regardé la carte, mais tout était "cher", en fait pas tant, un plat entre 7,5€ et 10€, mais moi j'étais en situation de "pauvre" dans ma tête pour cette randonnée, "condamnée" à manger du riz. Mais il était 13h, je n'avais rien mangé depuis 7h ce matin. Hum... Finalement, je me décide, je vais me réchauffer le coeur et le corps avec un bon chocolat chaud !
Je rentre, et quel accueil. Un jeune homme me salue, et je lui demande si je peux prendre un chocolat chaud. Il acquiesce, et me propose de prendre un siège. Je n'en reviens pas, cette bâtisse, tout en bois, est splendide, il fait bon à l'intérieur, le poêle est allumé, des chats dorment paisiblement, la décoration est superbe, avec des petits ours faits main perchés sur chaque marche de l'escalier, des peintures de chats, des petits décors sur les tables... Je fonds ! Je prends une place, et je demande si je peux caresser le chat. L'un semble angoissé, l'autre semble tranquille tout contre le poêle. Je vais caresser le tranquille, qui s'étire de tout son long, et me laisse lui caresser le ventre, serrant les petits doigts de ses pattounes, c'est à craquer !!!
Puis je m'installe.
Je respire... Je profite...
Je quitte mon imperméable, et j'ai la désagréable prise de conscience : mes habits sont trempés. Ma chemise, mon t-shirt, jusque mon soutien-gorge, je suis trempée. Super l'imperméable à 75€...... Je me dis que cette pause n'est pas de trop. Heureusement, mon pantalon lui a fait son travail et m'a protégé. Mais quand même... Mais je profite. De toute manière, il pleut tellement que j'en suis venue à oublier la pluie. Trempée pour trempée... Un bon chocolat chaud va venir. Accompagné d'un petit gâteau spéculos venu de Belgique et qui me fait sourire... Je savoure chaque goulée que je bois, chaque bouchée que je mange, je dévore du regard tout le bâtiment. J'y reste une bonne demi-heure, peut-être plus, le temps s'est arrêté pour moi. Je suis si sereine, si heureuse...
Finalement, deux couples entrent un peu après, pour manger. Je profite de l'ambiance paisible qui règne ici... Les chats le savent bien, quelle belle vie.
Mais je ne peux m'attarder en ces lieux. Je dois reprendre la route. Le coeur un peu lourd à nouveau, je dis adieu à cet endroit charmant. Les pas lourds et lents, je m'éloigne...
J'arrive à un petit étang. Plus loin, se trouve un sanctuaire, j'ai lu dans ma brochure du Kyôto Trail que ce sanctuaire servait à abriter la glace qu'ils récupéraient dans un étang. Chouette, l'étang !!! J'y vais, mais il ne reste pas grand chose... Une marre boueuse et assez dégoûtante, et un petit abri au-dessus qui menace de s'écrouler. Pas du tout mis en valeur, quel dommage... Je reprends la route.
J'avais pour plan de planter ma tente au sanctuaire. Hélas, je n'avais pas vu que celui-ci était quasiment en bord de route... J'y fais escale, il est 15h. Je regarde alentours, de la montagne et des arbres, lieu impossible pour planter ma tente. Et si près de la route, si je m'installe maintenant, des gens pourraient me voir, ou venir prier au sanctuaire. Je m'y repose un instant, je prie et remercie les Kami, je m'imprègne de l'énergie de ces lieux, et je reprends ma route.
Où m'arrêter ? Aucune idée... Je verrais bien. Plus loin, la montagne et des rivières, je dois pouvoir trouver un lieu.
Je passe des champs de rizières, magnifiques, encore plus sous la pluie... Elle s'est calmée d'ailleurs, tant mieux. Puis je réintègre la forêt, et je m'enfonce de plus en plus dans celle-ci. La forêt profonde... Des arbres hauts, et peu de luminosité, de l'obscurité. Soudain, je me sens "menacée", des énergies plutôt néfastes en ces lieux... Je presse le pas. La pluie se met à tomber, plus forte, puis devient virulente. Je n'aime pas ça. Je marche, je marche, j'accélère. Je commence à fatiguer, et je pense qu'il faut que je plante ma tente. Mais où ?
Les lieux sont austères, je n'ose pas planter ma tente dans cette forêt, elle est trop en colère. Plus loin, des champs, entourés de grillages, mais ouvert. J'hésite, je pourrais m'y mettre ? Mais mon intuition me dit de fuir. Alors je continue, je fuie, j'accélère encore le pas, tant bien que mal. Je rejoins une grande route. Je traverse, reprend le chemin. Là, sur la droite, un lieu parfait pour planter la tente. Oui mais, sur la gauche, un parking et des voitures, et en face une centrale électrique, les gens y travaillent. Il est 17h, ils travaillent et vont me voir, je veux me faire discrète. Mais la pluie s'abat sur moi, violente, méchante, elle me trempe encore plus, et mon moral flanche. Je continue, je passe la centrale, et je fais le tour. Plus haut, un lieu où je peux planter, mais l'on verrait ma tente de la route et les travailleurs de la centrale peuvent me voir. J'abandonne. Je grimpe, je titube dans la forêt, je ne trouve rien... Où me mettre bon sang ?! Je redescends, je reprends le chemin, et là je trouve un lieu à peu près convenable, mais plein de bois. J'abandonne, je pose mon sac, je commence à nettoyer le bois au plus vite, et mon regard se pose un poil plus loin. En bordure de chemin, un endroit plat, et plus propice. Je jette les morceaux de bois, j'attrape mon sac à dos, je cours sur ce lieu, et là, je prépare le terrain en toute vitesse.
C'est fait, je plante la tente. En 5min top chrono, ma tente est plantée, et je peux y entrer, mais même en si peu de temps, la bâche de sol de ma tente a été trempée, et j'ai planté si vite que l'imperméable touche le tissu, plus tard je suis obligée de ressortir pour tirer la tente. Quelles aventures...
Je rentre dans la tente, je me déshabille, et je mets mon unique T-shirt de rechange qui servira de pyjama. Culotte T-shirt, j'espère que personne viendra m'embêter pour que je déplace ma tente ! J'entends, dehors, la pluie s'abattre sur ma tente. L'intérieur est déjà mouillé... Heureusement, mon tapis de sol me sauve la vie, mon duvet est sec. Je m'installe, je grignote un cracker qu'il me restait du temple et... je m'endors.
Je n'en pouvais plus, mon corps n'a pas résisté. 1h de sieste... Je me réveille. 18h... La nuit va être longue. Ma tente est humide, mes affaires trempées ont mouillé l'intérieur, j'ai laissé mon sac à dos dans l'alcôve dehors, je prie que tout ne prenne pas l'eau, y compris mes chaussures, la pluie ne cesse de tomber... Que faire ?
Méditer ? J'ai trop la frousse. La centrale fait un bruit de dingue, j'entends la rivière plus bas qui coule, et je suis à l'affût de tout autre bruit. La solitude me pèse soudain... Je suis seule. Je n'ai pas de wifi, impossible de contacter qui que ce soit. J'ai faim... Mais il pleut, et j'ai peur d'allumer mon réchaud à alcool sous l'alcôve de ma tente, de peur qu'elle ne prenne feu. Alors quoi ? Que faire ? Je ne sais pas... Je prends mon petit cahier, dans lequel j'ai mis des notes de méditation et d'énergies. Je décide d'y écrire un petit carnet de bord, pour me souvenir... et surtout passer le temps, oublier la solitude et la peur, l'angoisse.
Le temps s'écoule, je m'ennuie... Je me repose, la nuit est tombée à 19h30. Le temps est long, je ne me sens pas en état de méditer, je suis épuisée, et pourtant je ne peux pas dormir. A 21h, finalement je me résigne à faire à manger sous l'alcôve, mon ventre me hurle famine. Ô ma famille, si vous saviez combien vous me manquez... Ô mes amis... Dans ces moments, ma blessure d'abandon me semble si importante, comment vais-je résister si longtemps ? Je me sens faible... Si faible...
Je prépare du riz, et j'y mets un bloc de curry. Je savoure ce repas, cela me fait un bien fou... Réconfort, chaleur et bien-être, et ma tente n'a pas pris feu. Mon moral remonte. La pluie a presque cessé, une petite bruine seulement. J'en profite pour sortir, avec ma frontale, je vais au ruisseau plus bas laver ma vaisselle et me brosser les dents. Et zut ! La pluie se remet à battre, et j'ai mon unique t-shirt de rechange sur moi !! Je cours et je retourne dans ma tente.
Ô solitude...
Il est l'heure de dormir.
Je repense à cette magnifique journée...
Si belle, si riche, riche de rencontres, riche d'expériences...
J'ai peur.
Je n'arrive pas à dormir.
Je veux dormir... Mais je n'y parviens pas.
Quel est ce bruit ?!
Ma tente est trempée... Est-ce que demain matin je serais trempée avec mon duvet ?
J'espère qu'aucun animal ne viendra s'attaquer à ma tente...
Et si des gens viennent me délocaliser ?
Et si...
Et si...
Et si...
Je m'endors finalement.
Demain... Sera un nouveau jour.
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